Consommation en ligne : quel impact sur le pouvoir d’achat ?

Cet article sur les gains de pouvoir d’achat permis par le numérique est le septième d’une série réalisée dans le cadre d’un partenariat avec la Fondation Cetelem.

L’année 2022 aura été marquée par une inflation record en France (+5,2% en moyenne annuelle), un phénomène principalement imputable à l’augmentation des prix de l’énergie (+15,1 %) et de l’alimentation (+12,1%). Selon l’Insee, le revenu moyen disponible des ménages aurait ainsi baissé de 720 euros entre début 2021 et mi-2022 par rapport à 2020, en grande partie en raison de la hausse des charges liées aux dépenses d’énergie. Dans le même temps, des produits alimentaires de première nécessité ont vu leur prix exploser : l’huile de tournesol (+112,1%), le sucre en poudre (+69,33%), le riz (+38,38%)…

Face à cette dégradation rapide du pouvoir d’achat, le numérique a un rôle important à jouer. En effet, de nombreux services marchands en ligne – sites de e-commerce ou plateformes de l’économie collaborative – permettent de payer moins cher des biens de consommation essentiels. Autant de “bons plans numériques” auxquels les publics en difficulté financière ont trop peu accès : à titre d’exemple, seulement 65% des internautes disposant d’un revenu de moins de 1400€ par mois utilisent les sites de e-commerce contre 88% des internautes gagnant plus de 4000€ par mois.

Quelles sont les économies générées par l’utilisation de services marchands en ligne ? Qui profite le plus de ces gains de pouvoir d’achat permis par le numérique ? Comment aider ses publics à se saisir de l’opportunité des “bons plans du numérique” ? Premiers éléments de réponse par le média Les Bons Clics.

Quelles sont les économies générées par l’utilisation de services marchands en ligne ?

Si aucune étude exhaustive n’a été produite sur la question, plusieurs travaux de recherche – menés entre 2015 et 2019, soit bien avant l’explosion de l’usage du e-commerce consécutif à la crise du Covid-19 – ont commencé à explorer le sujet et nous permettent de donner une première idée de l’impact des services numériques sur le pouvoir d’achat.

Les hypothèses les plus basses sont l’oeuvre de deux études françaises : celle réalisée par Bpifrance en 2015, intitulée “Le numérique déroutant”, affirme que le gain de pouvoir d’achat généré par le numérique est de 20 euros par mois par personne, “du fait de la pression à la baisse des prix en ligne et dans le commerce traditionnel, des sites qui permettent d’échanger des biens neufs ou d’occasion”.

Dans un ordre de grandeur comparable, le rapport “Les bénéfices d’une meilleure autonomie numérique” produit par France Stratégie en 2018 estime entre 40 et 140 euros par an les gains de pouvoir d’achat liés à l’usage du e-commerce “pour les personnes [éloignées du numérique] bénéficiant d’un accompagnement aux usages du numérique” et à 170 euros par an l’impact du recours aux plateformes d’économie collaborative pour ce même public.

En se concentrant uniquement sur le sujet de l’économie collaborative, une étude de l’institut CSA datant de 2017 évalue les gains moyens apportés par ce mode de consommation alternatif à 257 euros d’économie par an pour les consommateurs et 238 euros de revenus complémentaires par an pour les personnes qui proposent des biens ou services sur ces plateformes.

L’hypothèse la plus importante est le fruit d’une étude américaine de 2019 réalisée par l’université Stanford en partenariat avec Visa. D’après ses calculs, le recours au e-commerce aurait amélioré le pouvoir d’achat des foyers américains de plus de 1000 dollars sur l’année 2017.

Sur le plus long terme, le Digital Price Index – calculé par la société Adobe – permet de suivre mois après mois l’évolution des prix des biens et services en ligne (DPI) aux Etats-Unis et de les comparer à l’indice des prix à la consommation traditionnel (CPI). Sur les quatre dernières années, on observe que le DPI est systématiquement inférieur au CPI, à l’exception de deux mois en 2020.

Cependant, toutes les catégories de produits ne se valent pas pour ce qui est des économies que l’on peut réaliser en ligne : ainsi, entre 2014 et 2019 aux Etats-Unis, le prix des accessoires de sport avait considérablement plus baissé en ligne qu’en magasin. À l’inverse, sur la période, il restait plus intéressant d’acheter des médicaments sans ordonnance dans une pharmacie que sur internet.

“Acquérir les compétences numériques de base permet aux individus d’avoir accès à un nombre de produits plus important, dont des produits difficiles à obtenir dans les circuits de vente physique, à des prix potentiellement plus faibles. Les moteurs de recherche et les sites comparateurs de prix réduisent le temps nécessaire pour trouver le produit optimal, permettent au consommateur de faire le choix le plus éclairé possible, et accroissent de manière considérable le niveau de la concurrence. L’ensemble de ces éléments peut permettre aux consommateurs d’avoir accès à des prix plus faibles sur internet que hors internet, et donc de réaliser des économies et de gagner en pouvoir d’achat.”

France Stratégie, 2018

Qui profite le plus de ces gains de pouvoir d’achat permis par le numérique ?

Plusieurs études le confirment : les gains de pouvoir d’achat générés par la consommation de produits ou services en ligne sont inéquitablement distribués. L’enquête Capacity, réalisée en 2017, fait référence à ce sujet. Elle décrit trois grands types d’inégalités :

• Liées à l’âge : “Les internautes de 25 à 49 ans sont plus nombreux en proportion à [faire des achats sur des sites de e-commerce] que les autres classes d’âge, y compris les plus jeunes (18-24 ans), dont la consommation en général est probablement moins intense (notamment du fait de leur cohabitation fréquente à cet âge dans le foyer parental). Quant aux internautes de plus de 50 ans, ils sont moins nombreux en proportion à acheter en ligne.”

• Liées à la catégorie socio-professionnelle : “Les cadres constituent la catégorie socio-professionnelle parmi laquelle on trouve la plus grande proportion d’internautes achetant sur des sites de e-commerce, et inversement, les retraités (ce qui est en lien avec l’âge), les ouvriers et les personnes sans activité professionnelle celles où l’on en trouve le moins.”

• Liées aux revenus : “Les internautes déclarant un revenu parmi les plus élevés sont plus nombreux en proportion à acheter en ligne. C’est le contraire pour les internautes déclarant un revenu mensuel du foyer inférieur à 1400 € : ils sont moins nombreux en proportion à acheter sur des sites de e-commerce.”

Des inégalités que l’on retrouve également dans l’usage des plateformes de l’économie collaborative (“ce sont les internautes aux revenus les moins élevés qui vendent le moins sur Internet”) mais aussi dans le recours aux comparateurs de prix en ligne (“les cadres et professions intermédiaires, ainsi que les internautes déclarant des revenus mensuels du foyer supérieurs à 2900 €, sont plus nombreux en proportion à comparer les prix de produits ou services par Internet”).

Dans le contexte inflationniste actuel, il y a donc urgence à donner aux Françaises et Français qui rencontrent des difficultés économiques les moyens d’utiliser ces services à même de protéger leur pouvoir d’achat.

“Les pratiques en ligne des plus favorisés sont plus susceptibles de leur apporter des gains de pouvoir d’achat que les pratiques de ceux qui ont les revenus les plus faibles. (...) Ceux qui bénéficient le plus des avantages économiques d’Internet sont donc les personnes les plus favorablement placées dans l’espace social, tant du point de vue de leur catégorie socio-professionnelle que de leurs revenus.”

Etude Capacity, 2017

Comment aider ses publics à se saisir de l’opportunité des “bons plans du numérique” ?

Pour vous aider à vous familiariser avec ces nouveaux services et accompagner vos publics, nous avons créé et mis à votre disposition un ensemble de ressources : 

• Des articles thématiques sur les services en ligne – publics et privés – permettant de faire des économies :
  • MaPrimeRenov et la prime à la conversion
  • Les services numériques liés à l’alimentation
  • Les services numériques de mobilité
  • Les services numériques de seconde main
  • Les solutions pour s’équiper en matériel numérique à bas prix

• Des ressources pédagogiques pour accompagner vos publics :
  • Un atelier “Découvrir des bons plans sur Internet pour faire des économies”
  • Un atelier “Découvrir les achats et le paiement sécurisé sur Internet”
  • Des liens vers des contenus concernant BlaBlaCar, TooGoodToGo, Leboncoin, Geev, Vinted…

• Un podcast pour comprendre comment des aidants numériques accompagnent leurs publics sur le sujet des “bons plans numériques”.

• Une carte interactive des “bons plans numériques”.

Et à partir de cette année, nous animerons des webinaires sur le sujet ! Vous pourrez vous inscrire très bientôt sur notre page Eventbrite.

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Vous accompagnez déjà vos publics sur les “bons plans numériques” ou vous projetez de le faire ? Vous connaissez d’autres services qui pourraient être utiles à la communauté d’aidants Les Bons Clics et à leurs bénéficiaires ? N’hésitez pas à réagir dans la section commentaires !

Les Bons Clics

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