Portrait : espace Gisèle Halimi, un lieu d’inclusion sociale et numérique innovant en quartier prioritaire de Montpellier

Depuis 2020, WeTechCare accompagne le CCAS (Centre Communal d’Action Sociale)  et Montpellier Méditerranée Métropole à fédérer et engager collectivement des acteurs de l’inclusion numérique au sein de la métropole. Cette initiative vise à créer un réseau dynamique parmi les structures de terrain, favorisant les rencontres en personne pour stimuler l’interconnaissance, accroître les compétences en matière d’inclusion numérique, approfondir les connaissances grâce à des témoignages d’experts, et finalement, améliorer l’accompagnement des citoyens vers l’autonomie numérique.

Depuis mars 2023, les acteurs du réseau d’inclusion numérique se réunissent au sein de l’espace numérique NUMIKS au lieu Gisèle Halimi à Montpellier, offrant ainsi un endroit spécialement conçu pour favoriser cette cause. Afin de mettre en lumière cette initiative, nous avons eu le privilège d’interviewer trois personnes travaillant au cœur de cet espace numérique.

• Karine Caner, responsable de l’Espace Gisèle Halimi à la Mosson pour la Métropole de Montpellier
• Wafaa Beddioui, CNFS – Coordinatrice d’Espace de Médiation Numérique chez Montpellier Méditerranée Métropole
• Angélina, volontaire en service civique sur l’animation numérique

La parole à : Karine Caner, Responsable de l’Espace Gisèle Halimi

Les Bons Clics : Pour commencer pouvez-vous vous présenter ? 

Karine Caner : Je suis responsable de l’Espace Gisèle Halimi à la Mosson pour la Métropole de Montpellier. Je travaille au sein du Pôle Solidarités. J’ai accompagné la préfiguration du projet de reconversion du site sur les volets aménagements et le projet social. Et depuis un an, j’assure la direction de l’établissement.

Les Bons Clics : Quelles ont été les motivations et les objectifs principaux de la Métropole derrière la création de l’espace Gisèle Halimi ?

Karine Caner : En novembre 2020, la Métropole a acquis, dans le cadre de l’opération ANRU (Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine),  des anciens locaux administratifs situés au cœur du quartier prioritaire de la Mosson qui compte près de 25 000 habitants. Un projet de reconversion complète du site a été engagé par la collectivité pour créer un nouvel équipement public structurant de 3000 m² ouvert sur le quartier. 

L’ambition du projet repose sur l’hybridation des activités proposées par les structures résidentes permettant ainsi de développer des synergies autour de projets communs et d’actions collectives en faveur des habitants de la Mosson. 

En tant que lieu ressources/actions, les coopérations et la coordination entre tous les acteurs du quartier venus d’horizons différents sont favorisées et notamment avec l’inclusion numérique qui est un des fils conducteurs du projet. 

L’espace Gisèle Halimi accueille différents services, structures, institutions pour créer un effet levier et attracteur et propose une large palette de services à la population de la Mosson. 

Huit axes d’intervention seront proposés aux différents publics pour une offre de services à 360° : 

• L’accès aux droits et à l’information 
• La sensibilisation à l’innovation et l’accompagnement à la création d’entreprises innovantes 
• L’insertion sociale, professionnelle et l’emploi 
• L’accès à la santé et la prévention santé 
• L’accès à la culture 
• L’inclusion numérique 
• Le développement local et territorial 
• La participation citoyenne

L’espace accueille 10 résidents : Mission Locale des Jeunes, CCAS, un centre d’Examens et de Santé de la CPAM, la Maison de Projet ANRU, le Business Innovation Center (incubateur d’entreprises), l’équipe projet territoriale Métropole-Ville, l’Ecole Régionale du Numérique, un espace numérique mutualisé Numiks, un fablab, un tiers-lieu culinaire ainsi que de nombreuses permanences associatives à destination des publics en situation de précarité.

Les Bons Clics : Quelles actions concrètes sont mises en place pour favoriser l’inclusion numérique des habitants du quartier Mosson ?

Karine Caner : En premier lieu, la création d’un espace numérique dédié de 250m² au rez-de-chaussée du bâtiment, animé par une équipe de conseillers numériques et services civiques. Cet espace sera prochainement complété d’un fablab pour développer des projets autour de la fabrication numérique. Les équipes proposent des accompagnements individuels aux démarches administratives fortement sollicitées dans un quartier où l’indice de fragilité numérique est le plus élevé de la ville de Montpellier. Elles proposent également des ateliers collectifs ayant pour objectif de faciliter la prise en main des outils numériques et accompagner l’autonomie. 

L’accueil de l’École Régionale du Numérique pour former au développement web des publics issus des quartiers est également un axe fort de la stratégie d’inclusion numérique. 

Enfin, le travail en réseau avec les associations du quartier, la communauté des CNFS, et les réseaux d’inclusion numérique régionaux et nationaux permettent de faciliter la cohérence des actions mises en place et la création de parcours usagers autour du numérique.

Les Bons Clics : En quoi les collaborations et les partenariats mis en place sont-ils une force pour le lieu ?

Karine Caner : Le travail partenarial structure nos actions quotidiennes. Au-delà du partage d’expériences, de l’entraide et de la veille, les réseaux et les animations qu’ils proposent nous assurent de la visibilité au sein du quartier. Il ne faut pas oublier les nombreuses associations du quartier Mosson, avec qui nous travaillons pour apporter davantage de cohérence dans les actions déployées en faveur des publics. La dématérialisation croissante des démarches accroît la vulnérabilité et le non-recours aux droits des habitants. Les demandes d’accompagnement sont croissantes et requièrent de la coordination entre les acteurs pour répondre au plus grand nombre. 

Les Bons Clics : Quels sont les premiers retours des usagers du lieu (utilisateurs, publics accompagnés, partenaires…)

Karine Caner : L’espace numérique Numiks est ouvert depuis le mois de mars dernier. Les publics sont satisfaits des accompagnements individuels proposés. Le lieu est très agréable et convivial. En revanche, nous rencontrons plus de difficultés dans les ateliers collectifs pour attirer des publics. Notre enjeu pour 2024 sera de pouvoir répondre à toutes les demandes dans des délais acceptables.

La parole à : Wafaa Beddioui, CNFS – Coordinatrice de l’Espace de Médiation Numérique NUMIKS et Angélina, volontaire en service civique

Les Bons Clics : Quelle est votre mission au sein de NUMIKS ?

Wafaa Beddioui : Mes missions sont polyvalentes, elles se divisent en plusieurs parties qui sont les suivantes :

• L’accompagnement des usagers ( rendez-vous individuels, ateliers collectifs)
• La gestion administrative et matériel du lieu
• Les plannings des CNFS intervenant sur le lieu ainsi que les volontaires
• La création et entretien du réseau de partenaire locale
• La programmation des actions de médiation en coordination avec les acteurs du site  
• La communication
• La création et suivi de projet pluri-partenariale

Les Bons Clics : Quels sont les principaux besoins et difficultés rencontrés par les publics que vous accompagnez dans l’espace Gisèle Halimi ?

Wafaa Beddioui : Le territoire où est implanté le tiers lieu et un QPV qui regroupe un fort taux de pauvreté ainsi que d’habitants étrangers et très souvent en situation de fracture sociale, citoyenne et culturelle. Nous rencontrons des publics en grande précarité, perdus, angoissés, en situation d’isolement, et souvent les publics accumulent plusieurs facteurs ce qui rend l’accompagnement plus complexe.

Nous devons être très vigilants sur le premier diagnostic du besoin, à l’écoute, disponible et avoir une connaissance de l’écosystème afin de les réorienter vers les bons acteurs et au bon moment.

Angelina : J’ai 20 ans, je suis actuellement en service civique sur l’animation numérique. Mon rôle est d’accompagner les usagers en difficulté sur les usages numériques diverses, je prépare, je crée et j’anime des ateliers sur différentes thématiques. Le plus difficile sont les personnes qui peuvent devenir agressives quand on ne peut pas les aider et les difficultés de communication avec les personnes allophones.

Les Bons Clics : Quelles sont les thématiques d’ateliers les plus abordées ?

Wafaa Beddioui : Nous recevons beaucoup de public dans l’urgence pour des démarches administratives, les e-démarches sont les plus fréquentes. Cela dit, nous avons également une action d’atelier collectif sur les bases informatiques, sur lequel il me semble important de notifier que les participantes ne sont que des femmes. Nous avons accompagné 264 personnes de mars à novembre 2023.

Les Bons Clics : Comment rendez-vous visible votre offre auprès des publics du quartier ?

Wafaa Beddioui : L’Espace NUMIKS fait d’abord partie d’un tiers lieu qui n’a pas encore été inauguré et qui donc n’a toujours pas fait l’objet d’une communication dense et direct auprès des habitants de la Mosson, cela dit les différentes structures qu’il accueille sont connus et reconnus par les habitants et nous nous appuyons donc sur les structures résidentes ainsi que les acteurs déjà présents sur le quartier.

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