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[Article participatif] Mise en réseau des acteurs de la solidarité en Guadeloupe

Cet article sur l’accompagnement des jeunes est le cinquième d’une série sur le programme d’inclusion numérique de la Préfecture de Guadeloupe.

Pour conclure sa série d’articles dédiés aux initiatives d’inclusion numérique  du territoire guadeloupéen, le média Les Bons Clics a souhaité interroger plusieurs structures sur leur vision des partenariats.

Le diagnostic mené en mars dernier avait, en effet, révélé une envie forte des structures de mieux se coordonner et de collaborer pour proposer un accompagnement numérique riche et complémentaire. 

C’est autour de cet enjeu que trois d’entre elles ont accepté de témoigner pour le média Les Bons Clics. Par ordre alphabétique :

Photographie d'un atelier dessin animé en 3D, à la médiathèque du Moule.
Vous souhaitez témoigner ? Direction la section commentaires en fin d’article, ou redac@lesbonsclics.fr en précisant votre nom et votre structure.

Les Bons Clics : Depuis quand et pourquoi avez-vous lancé une offre d’accompagnement numérique ? Quelle forme prend-elle ? 

Sylvie Cita Mayensson : Dans le cadre de ses missions, la Médiathèque Le Moule souhaitait accompagner les usagers ainsi que les agents de la ville dans l’utilisation du numérique tant dans les ressources mises à disposition que dans les outils disponibles. Mon recrutement depuis plus d’un an, en qualité de conseillère numérique à la Médiathèque, a initié le lancement d’une offre d’accompagnement numérique. 

Josy Jouyet : Selon l’Observatoire des démarches en ligne, 87% des 250 démarches les plus utilisées en France ont à ce jour été dématérialisées. Au niveau local, plus de 20% de la population se trouve en situation d’illettrisme. Ces éléments ainsi que d’autres ont conduit la Maison de l’Insertion qui fête cette année ses 25 ans à lancer une offre d’accompagnement numérique depuis plus de 10 ans afin de contribuer à la réduction de la fracture numérique.

Depuis septembre 2021, cette offre a été étoffée par la création d’un espace numérique, animé par une conseillère numérique.

L’accompagnement se déroule de deux manières :

  • Réception du public à l’accueil ou sur rendez vous
  • Passage par l’espace numérique (ateliers collectifs, accompagnement individuel, diagnostic numérique, …)

Lilian Lambourdière : Nous accompagnons nos publics depuis 2020. L’acculturation numérique est au cœur de notre démarche puisqu’une de nos missions est de lutter contre la fracture numérique de notre territoire, aggravée par son insularité.

Nous mettons l’humain au cœur de notre accompagnement. Ainsi, avant de parler technique, nous nous attachons d’abord à lever les freins mentaux qui empêchent bien souvent nos bénéficiaires de s’engager dans une démarche d’apprentissage.

Pour aider nos publics à lever ces freins, nous nous appuyons sur des outils de neuroéducation, notamment ceux de notre expert en la matière Ismaïl Sadky.

Les Bons Clics : D’après le diagnostic du territoire mené par WeTechCare et la Préfecture de Guadeloupe en mars dernier, 58% des structures interrogées (79 en tout) étaient intéressées pour tisser des partenariats. Est-ce votre cas ? Si oui, en quoi tisser des liens avec d’autres structures peut vous aider à mieux  accompagner les publics selon vous ? Si non, pourquoi ? 

Sylvie Cita Mayensson : La Médiathèque a pour objectifs la démocratisation de la culture et l’égalité d’accès aux services publics. La médiathèque connaît l’ensemble de ses usagers mais il est parfois difficile de connaître la population de sa commune (territoire), bien souvent contrastée selon les quartiers. 

L’expérience des partenaires est complémentaire à celle de la Médiathèque. Ils connaissent les attentes de ceux qu’ils desservent. ils cernent mieux les habitants de la commune, leurs besoins. C’est en constatant des inégalités entre les publics que la Médiathèque peut orienter le développement d’un projet de service.

Mieux connaître les acteurs de la vie locale est donc essentiel lorsqu’on cherche à mettre en place un projet d’accompagnement.

Lucia Kissoun : Nous faisions partie des 58% de structures intéressées pour tisser des partenariats.

La collaboration avec d’autres structures permet d’échanger sur nos pratiques, de développer notre expertise et ainsi de mieux accompagner nos usagers. Cela permet aussi de découvrir les nouvelles plateformes mises en place et de contribuer à leur déploiement ; toujours au profit de nos publics.

Lilian Lambourdière : Tisser des partenariats, notamment avec des acteurs du territoire, me semble indispensable. De nombreuses initiatives en matière d’accompagnement numérique sont déjà proposées sur notre territoire. L’idée pour nous n’est pas d’être l’énième structure à faire de l’accompagnement mais plutôt de combler les trous de la raquette, de contribuer notamment par le partage d’expérience à la structuration de la filière de l’inclusion numérique.

Photographie d'un atelier numérique à la Maison de l'Insertion.
Atelier numérique à la Maison de l’Insertion – ©Lucia Kissoun

Les Bons Clics : Comment rencontrez-vous et choisissez-vous ces potentiels partenaires ? Qui réalise ce travail dans votre structure ?

Sylvie Cita Mayensson : Mes premiers partenaires sont d’abord mes collègues. C’est ainsi que j’ai pu intégrer le processus de collaboration avec les différents acteurs sur le terrain, car ils connaissent les besoins et les attentes  en matière de services, les profils des usagers et cernent mieux les publics à cibler dans le cadre d’une politique culturelle donnée. Cela passe par la définition des objectifs stratégiques et la concertation au sein de la Médiathèque sous l’égide de la responsable.

L’implantation prochaine d’une Micro-folie par la ville du Moule en partenariat avec La Villette au sein même de la Médiathèque est un exemple inédit, mettant l’innovation numérique au service de la découverte artistique à la portée de tous. Ce partenariat apportera l’art au plus près des publics qui en sont initialement éloignés. 

Josy Jouyet : Nous rencontrons nos partenaires potentiels lors d’évènements (webinaires, réunions d’informations, …) et les choisissons en fonction des besoins et des attentes de nos usagers répertoriés en amont. 

Ce travail est réalisé par la conseillère numérique avec l’appui des autres agents qui sont invités à faire des suggestions. Nous procédons également par recherche en fonction des besoins et attentes recensés, et il arrive que certains partenaires nous contactent directement.

Lilian Lambourdière : Nous rencontrons nos partenaires très souvent via des évènements, via d’autres partenaires avec lesquels nous travaillons déjà, également par les réseaux sociaux notamment LinkedIn. Nous n’avons pas à proprement parler de personnes dédiées à cette tâche dans notre structure. Chaque membre contribue à faire naître des partenariats au travers de son propre réseau.

Les Bons Clics : Jugez-vous nécessaire le fait d’officialiser le partenariat via une convention/un contrat ? Pourquoi ? 

Sylvie Cita Mayensson : L’officialisation d’un partenariat via une convention/ un contrat est bénéfique. Les fruits qu’ils portent exigent un résultat de qualité, une meilleure prise en compte des publics, de leurs besoins en offrant des services adaptés.

Lucia Kissoun : Nous jugeons nécessaire le fait d’officialiser et de formaliser nos partenariats car cela nous permet de mieux programmer nos ateliers collectifs mensuels en fonction des besoins et attentes de nos usagers, de prévoir des actions d’évaluation et de communiquer sur nos résultats. 

Lilian Lambourdière : Il me paraît important d’officialiser le partenariat via une convention/un contrat car cela constitue un acte d’engagement entre les partenaires.

Les Bons Clics : Quelles actions concrètes sont menées dans le cadre de ces partenariats ?

Sylvie Cita Mayensson :  Je propose des ateliers numériques afin d’accompagner les différents publics vers l’autonomie dans les usages des nouvelles technologies et des nouveaux services et  médias numériques proposés par la Médiathèque, comme le portail de la Médiathèque Le Moule.

Nous avons notamment des partenariats avec :

  • La Médiathèque numérique de Guadeloupe ;
  • La Maison d’éditions 1 voix 1 histoire.

Cela sert à la conception et l’animation d’ateliers/de supports de médiation numérique adaptés aux événements, projets, organisés aux niveaux national et local. 

Quelques exemples :

Lucia Kissoun : Dans le cadre de ces partenariats, nous réalisons des ateliers thématiques en co-animation, nous mettons à disposition nos locaux et nous chargeons d’établir la liste des participants.  

Lilian Lambourdière : Quelques actions concrètes que nous menons dans le cadre de nos partenariats :

  • La réponse à des appels à projets en consortium ;
  • La mutualisation de ressources pédagogiques, matérielles et humaines.
En Guadeloupe, Lilian Lambourdiere travaille sur l'acculturation numérique depuis 2020.
Accompagnement réalisé par le Park numérique Guadeloupe – ©Lilian Lambourdière

Les Bons Clics : Quels conseils donneriez-vous à une structure pour tisser des liens avec d’autres acteurs de la solidarité, des opérateurs ou des institutions publiques ? Comment faire durer ces partenariats dans le temps ? 

Sylvie Cita Mayensson : Quelques pratiques mises en place à la Médiathèque pour développer le partenariat :

  • Varier les partenaires ce qui permettra une programmation plus riche ;
  • Favoriser la mise en place d’une programmation culturelle sur plusieurs mois ;
  • Développer sa visibilité en ligne afin de rendre ses actions plus attractives auprès des nouveaux partenaires ,
  • Continuer à se former tout au long de sa vie professionnelle car, à mesure que l’action culturelle se développe, les projets deviennent plus ambitieux et complexes, impliquant parfois plusieurs partenaires simultanément.

Lucia Kissoun : Afin de pouvoir tisser des partenariats nous conseillons aux structures de participer à des webinaires, des réunions de réseaux, des actions, de ne surtout pas rester isolées. Le meilleur moyen de pérenniser ces partenariats est de les faire vivre par des actions concrètes, de les évaluer afin de les faire évoluer.

Lilian Lambourdière : Les quelques conseils que je pourrai donner à une structure en me basant sur ma propre expérience :

  • Participer aux différents évènements organisés sur son territoire de façon active ;
  • Intégrer les hubs de l’inclusion numérique qui constitue un point de rencontre des acteurs ;
  • Avoir une présence sur le réseau social professionnel Linkedin ;
  • Une des meilleures façons de faire durer un partenariat dans le temps est de réaliser des projets impactants ensemble.

Les Bons Clics : Les salons, forums, évènements en ligne peuvent-ils être une opportunité pour se constituer un nouveau réseau de partenaires ? 

Sylvie Cita Mayensson : Ils sont une opportunité pour se constituer un nouveau réseau de partenaires car ils permettent de :

  • Rencontrer et développer de nouveaux contacts ;
  • S’allier pour faire naître de nouveaux projets et accroître sa visibilité et celles des partenaires ;
  • Répondre au plus près des besoins des publics ;
  • Se rencontrer, s’écouter, échanger, accéder à des nouvelles et bonnes idées provenant des partenaires et de bénéficier de leurs propres expériences et retours terrain ;
  • Ouvrir les portes de la diversification des futurs projets culturels.

Lilian Lambourdière : Je pense que toute action consistant à faire se rencontrer les acteurs est potentiellement une opportunité pour se constituer un réseau. Il est bien évidemment nécessaire d’avoir une présence active en allant vers les autres acteurs présents pour entamer des échanges.

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