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L’euro numérique entre en phase pilote

Cet article a été réalisé dans le cadre d’un partenariat avec La Banque Postale, et fait partie d’une série d’articles destinés à accélérer l’inclusion financière par le numérique. Retrouvez les autres articles ici !

Le 14 juillet dernier, la BCE (Banque centrale européenne) annonçait lancer une phase d’étude de deux ans autour de l’euro numérique. Sa présidente, Christine Lagarde, entend ainsi « passer à une étape ultérieure » pour «  veiller à ce que, à l’ère numérique, les ménages et les entreprises aient toujours accès à la forme de monnaie la plus sûre : la monnaie de banque centrale ».

Si le projet s’inscrit dans un contexte de dématérialisation croissante des paiements, Fabio Panetta, membre du directoire de la BCE, assure qu’un euro numérique ne remplacerait « en aucun cas » les espèces. Il s’agirait d’une monnaie complémentaire pour « rendre les paiements en ligne disponibles à celles et ceux qui n’ont pas encore accès aux services financiers ».

Euro en sculpture devant le siège de la BCE.
L’euro numérique pourrait être déployé d’ici à 2026.

L’euro numérique et l’essor des MNBC

A la différence d’un compte en banque, l’euro numérique serait émis, distribué et règlementé par la BCE. C’est pourquoi, à l’instar des espèces qui sont distribuées gratuitement, son coût serait moindre et, à l’instar des monnaies scripturales, il permettrait des transactions rapides et sécurisées. Pour la BCE, il s’agit non seulement de « répondre aux besoins des Européens mais aussi contribuer à prévenir les activités illégales et éviter tout effet indésirable sur la stabilité financière et la politique monétaire ».

L’Europe n’est pas la seule région du monde où de tels projets voient le jour. Alors que le développement des cryptomonnaies s’intensifie, comme en témoignent les efforts de Facebook avec sa monnaie Diem, les MNBC (monnaies numériques de banque centrale) fleurissent. En octobre 2020, les Bahamas inauguraient ainsi le « sand dollar ». En avril dernier, la Chine officialisait l’expérimentation de son yuan électronique auprès de 750 000 personnes tirées au sort. Des discussions sont également engagées aux Etats-Unis, aux Emirats arabes unis ou encore au Brésil.

La vie privée serait un critère majeur de préoccupation

En février dernier, la BCE publiait les résultats d’une consultation publique dédiée à l’euro numérique. Parmi plus de 8.000 répondants, près de la moitié déclarent craindre en premier lieu le manque de confidentialité de cette nouvelle monnaie.

Un enjeu à relativiser selon Fabio Panetta, pour qui la BCE peut « garantir le respect de la vie privée des utilisateurs de l’euro numérique » : à l’inverse du secteur privé, l’institution européenne n’aurait « aucun intérêt à exploiter leurs données à des fins commerciales ».

Inclusion financière et autonomie numérique

Si la protection de la vie privée est le premier enjeu que la consultation fait ressortir, la BCE précise dans son rapport que l’échantillon de répondants « ne représente pas la population de la zone euro ». Au-delà d’une écrasante majorité d’hommes (87%), le questionnaire « a été mis à disposition du public » sur la rubrique dédiée du site de la BCE, limitant de ce fait la participation des publics éloignés du numérique, que ce soit par manque d’accès ou de compétences.

Alors que le niveau de revenus fait partie des critères les plus discriminants en matière d’exclusion numérique, la gratuité du service, ainsi que la possibilité de payer sans connexion à internet, ont seulement été plébiscités par 9% et 8% des répondants. Comme le souligne Fabio Panetta, « les paiements en ligne sont encore davantage utilisés par les consommateurs avec des revenus élevés, tandis que la préférence pour les espèces est plus marquée parmi celles et ceux dont les revenus sont inférieurs, soulignant leur rôle essentiel pour l’inclusion financière ».

Aussi, l’euro numérique n’échappe pas à la directive révisée sur les services de paiement (DSP2). Les paiements réalisés en euro numérique seraient donc soumis à l’authentification forte, dont l’entrée en vigueur en mai dernier complique le recours aux moyens de paiement dématérialisés pour les publics éloignés du numérique.

Dans son communiqué du14 juillet, la BCE précise toutefois que « l’ouverture de la nouvelle phase ne préjuge d’aucune décision future concernant l’éventuelle émission d’un euro numérique ». Les 24 prochains mois s’annoncent donc significatifs pour l’avenir de l’euro, dont la version numérique pourrait voir le jour en 2026.

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