Barrière de la langue et formation au numérique
Plusieurs démarches relatives aux droits des étrangers en France ont été dématérialisées en 2021. Parmi ces dernières figurent notamment les demandes de titre de séjour, qui relèvent des préfectures. Un défi de taille pour les personnes concernées ne maîtrisant pas la langue française et/ou le numérique.
En juin, six associations ont ainsi poursuivi 23 préfectures qui ne proposaient pas d’alternative au numérique pour ces demandes. Quelques mois plus tard, le tribunal administratif de Cayenne était le premier à trancher : « en l’absence de disposition législative contraire, aucune disposition ne fait obligation aux ressortissants étrangers de saisir l’administration par voie électronique » (citation extraite d’un communiqué des plaignants).
Qu’il y ait une alternative ou non, les acteurs de la médiation numérique occupent désormais un rôle essentiel dans l’accès aux droits des étrangers en France. C’est pourquoi WeTechCare et Les Bons Clics ont organisé, ce 27 janvier, un webinar sur les liens entre la barrière de la langue et le numérique pour les publics réfugiés et/ou allophones.
Les 150 participants ont ainsi pu partager et découvrir, aux côtés de Jeanne Gérard-Raimbaud (France Terre d’Asile), de Mariam Boujmaa (Emmaüs Connect), des bonnes pratiques et des outils d’accompagnement pour les publics réfugiés et/ou allophones. Le média Les Bons Clics vous en propose ici une synthèse.
Numérique et barrière de la langue : trois grands constats
La dématérialisation est au centre des actualités de 2022 et différents constats en sont tirés :
- La dématérialisation touche tous les services du quotidien, et est associée à un gain de temps, à un gain financier, un gain d’employabilité et à plus d’autonomie.
- Si la dématérialisation est une opportunité pour certains, c’est un nouveau facteur d’exclusion pour d’autres ce qui crée une urgence sociale pour les personnes allophones. Dans les pays industrialisés, 25% des adultes avec des difficultés d’ordre linguistique ont des difficultés à naviguer sur internet.
- La dématérialisation est un nouveau défi à relever pour les structures qui accompagnent ces publics. Elles doivent s’adapter à leurs différents besoins et s’outiller en conséquence pour continuer à les accompagner vers plus d’autonomie numérique dans leur quotidien.
Les bonnes pratiques d’accompagnement numérique
Plus de la moitié des personnes présentes ont déclaré accompagner très souvent des publics faisant face à la barrière de la langue, et 60% le font via des accompagnements internes, c’est-à-dire au travers de formations afin de les rendre plus autonomes sur le numérique.
Une dimension qui illustre bien l’hétérogénéité des besoins – et des niveaux – avec laquelle les structures d’accompagnement doivent composer quotidiennement. A cet égard, plusieurs pratiques d’accompagnement facilitent l’avancée de ces publics dans leur apprentissage du numérique.
Lorsque vos publics sont équipés d’outils numériques ou y ont accès facilement, vous pouvez d’abord réaliser un diagnostic de niveau. Trois scénarios se dégagent donc :
- Pour les personnes en situation d’exclusion numérique, vous pourrez être contraint à « faire à la place de » et adopter une posture d’assistance dans un premier temps pour répondre aux besoins urgents de vos publics.
- Ensuite, il s’agira de les former lors d’ateliers individuels ou collectifs en vous appuyant par exemple sur des ressources clés-en-main des Bons Clics.
- Si votre public est relativement à l’aise sur le numérique, vous pouvez simplement leur donner un coup de pouce en leur fournissant des ressources et outils présents sur l’espace apprenant Les Bons Clics, ce qui leur permettra de s’entraîner et de s’améliorer de leur côté en autonomie.
Mariam Boujmaa, chargée de mission au pôle formation d’Emmaüs Connect, conseille également de « se mettre au même niveau que les publics à qui ça va être destiné », en précisant que le maître-mot est la simplification. Pour elle, il est nécessaire de rattacher tous les éléments qui sont présentés aux différents publics à leur vie quotidienne. Elle prône également la diversification des supports proposés, que ce soit sous forme de vidéos, d’images, d’audios ou de textes afin de s’adapter au maximum de personnes.
Les outils et ressources à dispositions pour lever la barrière de la langue
Durant ce webinar, plusieurs outils ont été présentés afin de faciliter l’inclusion numérique pour les personnes qui ne parlent pas et/ou ne lisent pas le français :
- Le guide pratique des Bons Clics, tout d’abord, permet d’identifier les ressources et les sites à mobiliser pour l’accompagnement numérique des publics primo-arrivants et/ou allophones.
- Emmaüs Connect a également adapté deux modules Les Bons Clics – Naviguer sur internet et Utiliser les applications mobiles – pour ce type de public, avec moins de texte, du vocabulaire simplifié et une possibilité de suivre la formation en audio. Pour les prendre en main, retrouvez via les liens ci-dessus les replays des classes virtuelles animées par l’équipe Les Bons Clics.
- Pour finaliser les formations, des fiches résumés sont désormais disponibles en arabe, en anglais et en pachto.
- Jeanne Gérard-Raimbau, chargée de mission à France Terre d’Asile, a également partagé un guide d’évaluation linguistique. Il s‘agit d’une méthode simple et facile d’accès pour évaluer rapidement le niveau en français d’une personne étrangère.
- Découvrez également une cartographie de l’offre numérique pour les publics adultes en contexte migratoire, afin de posséder un maximum de plateformes et ressources pour faciliter l’insertion par le numérique de vos publics.
Si vous souhaitez voir l’intégralité du webinar, visionnez le replay ci-dessous !
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Super article !