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Numérique et écologie : des usages et des territoires responsables

En 2020, le numérique était responsable de 4% des émissions de gaz à effet de serre mondiales. Cette proportion, qui souligne la contribution sensible du numérique au changement climatique, pourrait doubler d’ici 2025. L’impact environnemental du numérique ne se limite toutefois pas au climat : il se décline en matières énergétique, hydrique et minérale, et donne aux espaces virtuels une incontestable matérialité.

L’écologie est ainsi devenue une composante croissante du numérique. En mars dernier, l’Assemblée des communautés de France (AdCF), France urbaine et Les Interconnectés ont publié le Manifeste pour des territoires numériques responsables, dans lequel ils affirment vouloir « construire et porter avec les acteurs des territoires une transformation numérique ambitieuse, socialement et écologiquement durable ». 

En ce 22 avril, Journée de la Terre, Les Bons Clics revient sur les bonnes pratiques à adopter à titre individuel et à l’échelle de votre structure, avant de s’intéresser à la prise en compte des enjeux environnementaux dans la politique de transformation numérique de Strasbourg.

Ecologie et numérique : un enjeu pressant

Les bonnes pratiques de l’écologie numérique

Allonger la durée de vie des équipements

Les équipements des utilisateurs concentrent la majeure partie des impacts du numérique sur l’environnement. Le cabinet d’expertise GreenIT, spécialisé sur la sobriété numérique, dénombrait en 2019 34 milliards d’équipements à l’échelle mondiale. Leur seule fabrication est à l’origine de 39% des émissions de gaz à effet de serre du numérique, de 74% de sa consommation d’eau et de 76% de son impact sur les ressources minérales*. 

Le numérique durable doit donc passer par l’allongement de la durée de vie des équipements. Au niveau individuel ou à l’échelle de votre structure, vous pouvez donc opter pour du matériel reconditionné, ou contacter les organisations de votre territoire susceptibles de renouveler leur parc informatique, comme les écoles ou les entreprises. 

Des réseaux comme Envie, Emmaüs Connect avec lacollecte.tech, Les Ateliers du Bocage et leur programme Solidatech, constituent de bonnes alternatives pour s’équiper de manière économique et écologique. Commown, une plateforme de location de terminaux éthiques, ou Fairphone, l’entreprise à l’origine du téléphone équitable et modulaire éponyme, constituent également des options pertinentes. 

Aussi, si vous devez renouveler votre parc informatique, certains de ces acteurs, à l’instar de Fairphone et Emmaüs Connect, ont développé des programmes de collecte des terminaux. Vous pouvez également faire appel aux structures de réparation et de réemploi implantées sur votre territoire. 

*Frédéric Bordage, Empreinte environnementale du numérique mondial – Synthèse (GreenIT, 2019)

Usages : supprimer les mails ne suffira pas

L’utilisation des équipements est dépendante de réseaux et de centres informatiques (également appelés data centers, ou centres de données). La consommation d’énergie combinée de ces infrastructures est une source d’impact majeure du numérique sur l’environnement, et notamment sur le climat. Parmi les bons réflexes à adopter et à transmettre figurent ainsi :

  1. Limiter sa consommation vidéo

En 2018, les flux de données vidéo représentaient 80% des flux de données mondiaux. Le cercle de réflexion The Shift Project estime ainsi que « le visionnage de vidéos en ligne a généré en 2018 (…) autant de gaz à effet de serre que l’Espagne, ou près de 1% des émissions mondiales »*. Si « la sobriété numérique nécessite une régulation des usages », il est possible à titre individuel de limiter sa consommation de ressources audiovisuelles et d’opter pour la plus faible résolution convenable. Les options des réseaux sociaux permettent à cet égard de désactiver le visionnage automatique des vidéos et d’en choisir la résolution. 

*Climat, l’insoutenable usage de la vidéo en ligne, The Shift Project (2019)

  1. Ne pas se servir du cloud depuis son réseau mobile

Frédéric Bordage, dans son livre Sobriété Numérique : Les Clés Pour Agir, recommande de « réduire à l’extrême l’utilisation du cloud en 4G. Les répercussions sur l’environnement de ce mode de communication seraient, en effet, vingt fois plus importantes que celles d’une connexion ADSL/fibre ». 

  1. Changer de fournisseur d’électricité

Pour réduire l’impact de la consommation d’électricité de vos terminaux, vous pouvez opter pour un fournisseur d’électricité, à l’instar d’Enercoop ou Planète Oui, qui occupent la tête du classement de Greenpeace. 

La métropole comme « catalyseur » du numérique responsable : les avancées de Strasbourg

Europe Ecologie Les Verts a pris la mairie de Strasbourg lors des dernières élections municipales.
A Strasbourg, les élections municipales de 2020 se sont conclues par la victoire de Jeanne Barseghian, du parti Europe Ecologie Les Verts – ©Aloïs Peiffer

A Strasbourg comme dans plusieurs métropoles françaises, les élections municipales de 2020 se sont conclues par la victoire du parti Europe Écologie Les Verts, représenté par Jeanne Barseghian. Pour Sandrine André, directrice de projet transformation numérique pour la Ville et l’Eurométropole de Strasbourg, ce changement d’exécutif a permis de « structurer l’approche du numérique responsable autour de plusieurs axes : la sobriété, l’inclusion et la participation des citoyens ».

« Avant, nous faisions du numérique responsable sans le savoir », précise-t-elle en référence aux conventions signées avec ENVIE et Humanis. Ces deux associations reconditionnent depuis plusieurs années le matériel informatique de la collectivité pour le revendre à des tarifs solidaires. Désormais, l’enjeu se situe dans la mobilisation de nouveaux partenaires et de nouvelles structures, avec la création d’un « service d’intérêt économique général [SIEG] autour de la collecte, du reconditionnement ou, le cas échéant, du recyclage du matériel ».

« Tout le monde a son rôle à jouer dans le numérique responsable. L’intérêt de l’échelle de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg, c’est l’hyper-proximité, avec une relation directe avec les habitants. »

Sandrine André, directrice de projet transformation numérique pour la Ville et l’Eurométropole de Strasbourg

Strasbourg, aux côtés de Nantes ou Paris, fait partie des collectivités ayant organisé une consultation citoyenne autour de la 5G. Sur la base du volontariat, environ 150 personnes ont participé à la consultation pour finalement « interroger plus largement le modèle de société souhaité avec le numérique ». Les résultats de cette consultation seront rendus publics lors de la Semaine Européenne du Numérique Responsable, organisée par la Ville et l’Eurométropole de Strasbourg du 7 au 12 juin 2021.

Avec l’objectif de devenir un « levier de sensibilisation de la population autour du numérique responsable », la collectivité souhaite également inaugurer un lieu d’éducation populaire, d’inclusion et de citoyenneté numériques. Et parmi les thématiques proposées figurera la compréhension de l’impact environnemental du numérique, car : 

« Le citoyen numérique, c’est celui qui a conscience de l’impact de ses usages à différents niveaux, de la confidentialité des données à l’éducation aux médias, en passant par l’impact environnemental. » 

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