Inclusion financière

Banques et numérique : qu’est-ce qu’une néobanque ?

Cet article a été réalisé dans le cadre d’un partenariat avec La Banque Postale. Retrouvez d’autres articles sur l’inclusion financière et numérique ici .

En octobre dernier, le Secours Catholique, Emmaüs France, l’UFC Que choisir, APF France handicap, Familles rurales et la Confédération syndicale des familles publiaient leur Manifeste pour une inclusion financière universelle. Un document militant pour un service bancaire « universel, intégré, ouvert sans conditions de ressources, qui soit gratuit ou à un euro (…) et qui s’applique à toutes les banques, pas seulement à quelques-unes. » selon Geneviève Colas, responsable de l’inclusion financière au Secours Catholique.

La facilité d’ouverture de compte permise par les néobanques, ces nouveaux acteurs de la banque en ligne qui ne sont pas rattachés directement à une banque traditionnelle, pourrait à ce titre favoriser une meilleure inclusion financière des publics les plus fragiles. Mais que permet une néobanque ? En quoi est-elle différente d’une banque traditionnelle et d’une banque en ligne ?

Le média Les Bons Clics décrypte dans cet article les différents usages, avantages et limites des néobanques afin de vous aider à renseigner vos publics sur le sujet.

©Canva

Banque traditionnelle et banque en ligne

Contrairement aux banques en ligne ou aux néobanques, les banques traditionnelles disposent d’un réseau d’agences physiques permettant un maillage sur tout le territoire. Elles proposent une étendue d’offres et de services bancaires supérieure aux banques en ligne et permettent toutes d’accéder à son espace client via une plateforme numérique, depuis son ordinateur ou une application mobile (La Banque Postale et son application par exemple).

Créées avec l’arrivée d’internet, les banques en ligne sont des banques dématérialisées qui ne disposent pas d’agence physique, permettant ainsi une réduction des frais pour leurs clients par rapport aux banques traditionnelles. Toutes les opérations se font depuis le site de la banque ou son application mobile. Elles ont généralement été créées ou acquises par une banque traditionnelle : la banque en ligne BforBank est par exemple une filiale du Crédit Agricole, Hello Bank appartient à la BNP Paribas, Boursorama à la Société Générale, etc.

“Néobanque”, un terme hétérogène

Les néobanques, aussi appelées « banques mobiles », sont plus compliquées à définir. Couramment employé pour désigner un nouvel acteur proposant des services de paiement uniquement depuis une application mobile, le terme « néobanque »  est pourtant soumis à une législation précise. Face à la généralisation de ce terme, l’ACPR (Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, organisme de tutelle du secteur financier) rappelait en avril 2021 la définition inscrite dans le Code monétaire et financier. Au sens légal, le terme « banque » et donc « néobanque » désigne un établissement de crédit. Or, la plupart de ces acteurs ne disposent que d’un agrément « d’établissement de paiement » ou « d’établissement de monnaie électronique » et ne peuvent donc pas se faire appeler « banques » ou « néobanques », pour ne pas induire en erreur les clients. 

“Employer le mot de « banque » ou « d’établissement de crédit » pour qualifier une entreprise non bancaire, parmi lesquels les établissements de paiement et de monnaie électronique, ainsi que leurs agents et leurs distributeurs, est interdit par la législation.” notifie l’ACPR.

Peu de « néobanques » le sont donc réellement au sens de l’ACPR. On compte par exemple Revolut, N26, Bunq, Orange Bank, qui ont obtenu leur agrément d’établissement de crédit. Quant aux acteurs comme Hélios, Shine, Qonto, Nickel, Lydia ou encore Paypal, il s’agit d’établissements de paiement et non d’établissements de crédit. Ils ne sont donc pas légalement considérés comme des néobanques.

Les différents agréments de l’ACPR

L’agrément d’établissement de paiement permet de proposer un compte et des moyens de paiement. Il ne permet pas de délivrer de chéquier, ni de proposer des crédits ou des produits d’épargne. Il faut être habilité pour proposer ces services et recevoir l’agrément d’établissement de crédit, comme toutes les banques traditionnelles. Vous pouvez vérifier l’agrément de votre établissement sur le Registre des agents financiers.

Quelles différences entre une néobanque et une banque en ligne ?

La frontière entre ces deux typologies de banques est fine mais quelques différences notables existent.

Une banque en ligne est toujours adossée à un groupe bancaire, tandis que les néobanques sont apparues dans les années 2010 d’initiatives privées indépendantes (à l’image des fintechs N26 en Allemagne ou Bunq aux Pays-Bas), ou de grands groupes sans lien avec le monde bancaire (Orange Bank par Orange). Une différence qui tend à s’estomper aujourd’hui : La Banque Postale a par exemple créé en 2019 sa néobanque 100% mobile Ma French Bank.

Si les clients peuvent accéder à leur espace depuis une application sur smartphone dans les deux cas, les néobanques, aussi appelées « banques mobiles », ont été spécialement conçues pour être utilisées depuis son smartphone, et parfois exclusivement (Atom Bank par exemple).

Du fait de leur différence d’agrément, une banque en ligne peut proposer des offres bancaires comparables à celles d’une banque classique mais dématérialisées (compte courant, compte épargne, etc.) tandis qu’une « néobanque » qui ne serait pas une véritable banque au sens légal de l’ACPR, offre une palette de services plus restreinte. Ces « établissements de paiement » et non « établissements de crédit », ne proposent donc seulement qu’un compte courant et une carte bancaire.

Et si la néobanque coule ?

Sur ce marché fleurissant et concurrentiel, plusieurs néobanques et fintechs ont déjà arrêté leurs activités : Swoon, Aumax pour moi, Morning ou encore C-Zam. Que se passe-t-il pour le client en cas de faillite d’un établissement ? 

S’il s’agit d’une véritable banque, chaque client peut récupérer ses avoirs dans la limite de 100 000 euros. Le site du Fonds de Garantie des Dépôts et de Résolution (FGDR) permet de vérifier la couverture des établissements.

S’il ne s’agit pas d’une banque au sens de l'ACPR, les fonds ne sont pas protégés. Pour autant, les fintechs sont vivement incitées à ouvrir un compte de cantonnement dans un établissement de crédit, afin de protéger les fonds de leurs clients, compte auquel ils ne peuvent pas accéder. Les clients pourront donc récupérer leurs fonds en cas de faillite.

Rapidité, gratuité, flexibilité : les avantages des néobanques

Il existe plusieurs avantages à souscrire à une néobanque. 

Le premier concerne la rapidité de souscription par rapport à une banque traditionnelle et même par rapport à une banque en ligne. Quelques clics suffisent pour créer son compte bancaire, depuis son smartphone, sa tablette ou son ordinateur. La plupart des néobanques ne demandent que peu d’informations ou document, au minimum une carte d’identité et une photo. Il est donc possible de se créer un compte bancaire instantanément (N26 vante l’ouverture d’un compte bancaire en 8 minutes), lorsque les demandes de création de compte chez une banque en ligne sont généralement traitées en une semaine minimum.

Les néobanques permettent aussi à des personnes ayant des difficultés de bancarisation dans des établissements traditionnels d’avoir accès à un compte bancaire. La plupart d’entre elles ne demandent aucun justificatif de revenu ni de versement initial et proposent des offres gratuites sans découvert autorisé, les rendant particulièrement adaptées pour des personnes en situation de fragilité financière, ou d’interdit bancaire.

Troisième avantage : la souscription est généralement gratuite, et la tenue du compte se fait à frais minimes. Les frais de fonctionnement des néobanques sont en effet moins élevés que ceux des banques traditionnelles puisqu’elles comptent moins de collaborateurs, ne disposent pas d’agence physique et leurs charges sont moins élevées en général.

Autre élément apprécié par les utilisateurs des néobanques : la facilité d’utilisation au quotidien via une application. Le client pilote ses opérations depuis son mobile : gestion du compte, augmentation du plafond de paiement, etc. Conçues pour un usage 100% mobile, les néobanques proposent généralement des interfaces ergonomiques et intuitives.

Les limites des néobanques

Pour autant, les néobanques présentent différents inconvénients. 

Déjà, l’offre des néobanques reste limitée : toutes n’autorisent pas le découvert, l’émission ou l’encaissement des chèques par exemple. Avant la souscription, renseignez-vous bien sur les services proposés et vérifiez qu’ils soient adaptés aux besoins de vos publics. Il reste compliqué d’être exclusivement client d’une néobanque. Elle est à ce jour davantage utilisée en tant que complément bancaire (particulièrement appréciée des jeunes voyageurs connectés par exemple), avec d’autres produits bancaires placés dans un établissement traditionnel.

Concernant la gratuité de la tenue de compte, certaines conditions doivent toutefois être respectées pour la conserver : limitation du nombre de retraits, obligation de paiement minimum mensuel, etc. Encore une fois, il faut donc bien lire les conditions d’utilisation avant de souscrire à une offre afin de limiter les mauvaises surprises et les frais additionnels !

Enfin, souscrire à une néobanque suppose d’être à l’aise avec le numérique. Tout passe par l’application mobile : consultation du solde, virement, gestion de son plafond, et même le service client. Cela nécessite des compétences numériques sur le smartphone, sur la navigation sur internet et sur la réalisation d’une démarche en ligne. L’absence de conseiller peut également être un frein, surtout si l’on rencontre un problème spécifique, les services clients pouvant être difficiles à joindre par téléphone ou voie postale. 

Changer de banque 

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