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Décryptage de la Feuille de route du numérique en santé 2023-2027

Le numérique dans le domaine de la santé connaît une expansion rapide, avec des avancées notables telles que la télémédecine, les dossiers médicaux électroniques et les applications mobiles. L’objectif ? Rendre le domaine médical plus facile et rapide d’accès mais aussi mieux suivre et coordonner les soins. Cependant, des défis subsistent, notamment en matière de formation des professionnels de santé et des publics éloignés du numérique, ainsi que les questions d’accessibilité et de protection des données personnelles.

Ce mois de mai 2023 fut marqué par la parution de la “Feuille de route du numérique en santé 2023-2027”, qui présente les objectifs du secteur pour ces cinq prochaines années. Cette feuille de route est portée par la Délégation ministérielle au numérique en santé (DNS), sous l’impulsion des ministres, en lien avec ses partenaires (Assurance Maladie, Agence du Numérique en Santé, etc.) et l’ensemble des acteurs de l’écosystème. Celle-ci décrit les chantiers prioritaires du numérique en santé déclinés en 4 axes, 18 priorités et 65 objectifs.

Les quatres grands axes développés sont : 

  • Développer la prévention et rendre chacun acteur de sa santé (mise en lumière du service Mon Espace Santé)
  • Redonner du temps aux professionnels de santé et améliorer la prise en charge des personnes grâce au numérique
  • Améliorer l’accès à la santé pour les personnes et les professionnels qui les orientent
  • Déployer un cadre propice pour le développement des usages et de l’innovation numérique en santé

Le média Les Bons Clics vous présente dans cet article un décryptage des défis et des objectifs soulevés par la Délégation ministérielle au numérique en santé (DNS) dans la “Feuille de route du numérique en santé 2023-2027”.

Évaluation des besoins et des attentes des acteurs du domaine de la santé

La feuille de route annonce une amélioration des conditions de travail des professionnels de santé. Pour faciliter la préparation et le suivi de leurs rendez-vous médicaux, les praticiens bénéficieront d’un meilleur accès aux données et aux historiques de santé de leurs patients. De plus, l’optimisation des logiciels et des outils informatiques de travail est envisagée, par exemple, des mesures seront prises pour alléger les parcours administratifs à l’hôpital et un nouveau programme d’accompagnement au numérique intra-hospitalier sera mis en place.

Concernant les patients, leur priorité est d’avoir le contrôle sur leurs données de santé. Pour répondre à cette demande, la plateforme Mon Espace Santé se positionne comme un carnet de santé numérique. Elle permet aux patients d’accéder facilement à leurs données médicales, de les partager avec les professionnels de santé de leur choix, et de gérer leur propre suivi. Cette initiative vise à renforcer l’autonomie des patients, en leur offrant une plateforme centralisée et sécurisée pour stocker, consulter et contrôler leurs informations de santé, tout en favorisant une meilleure collaboration avec leurs soignants.

Orientations stratégiques pour répondre aux différents besoins

Renforcement de l’infrastructure numérique en santé

Pour répondre à ces différents besoins, la Délégation ministérielle au Numérique en Santé (DNS) promet un renforcement de l’infrastructure numérique dans le domaine de la santé. Cela comprend la mise en place de dispositifs solides et sécurisés pour faciliter l’échange de données, ainsi que le développement de normes et de protocoles communs pour assurer l’interopérabilité des systèmes. A titre d’exemple, la plateforme Pro Santé Connect permet aux professionnels de santé, un accès simplifié à tous leurs services numériques, et notamment aux téléservices de l’Assurance Maladie. Concernant les citoyens, l’articulation entre les différents portails publics va être renforcée pour faciliter l’accès aux multiples plateformes. Une cartographie des services numériques régionaux sera également proposée aux publics, pour une meilleure lisibilité de l’offre. Ces initiatives visent à améliorer l’efficacité et l’accessibilité des services de santé numériques pour l’ensemble des acteurs impliqués.

Promotion de la e-santé et de la télémédecine

Les pratiques de la e-santé et de la télémédecine nécessitent la mise en place de mesures incitatives pour encourager leur adoption par les Françaises et Français. L’interface Mon Espace Santé permettra, par exemple, de renforcer la prévention en proposant des rappels personnalisés de bilans médicaux ou de vaccins pour encourager les individus à agir.

La sensibilisation, la formation et l’accompagnement des citoyens sont également des chantiers prioritaires, avec la formation de 10 000 médiateurs numériques en santé d’ici 2026. Il sera également possible pour les publics, de partager leur accès à l’interface “Mon Espace Santé” à un professionnel de santé pour faciliter la prise en charge. En parallèle, la démocratisation de la plateforme SAS (Service d’Accès aux Soins) permettra aux acteurs des services d’accès aux soins d’avoir une visibilité en temps réel des disponibilités des praticiens, facilitant ainsi la prise de rendez-vous pour les patients.

Enfin, la lutte contre la désinformation reste une priorité pour ces cinq prochaines années. Pour cela, la plateforme de référence Santé.fr sera sans cesse enrichie d’information fiable sur l’offre de soin et la santé de manière générale. Concernant la téléconsultation et la télésurveillance de pathologies, elles sont présentées comme des méthodes efficaces et adaptées aux besoins des patients, facilitant l’accès aux soins, même à distance. Un référentiel de bonnes pratiques en télésanté est en cours de développement, afin de garantir des normes élevées dans ce domaine.

Interface de la plateforme Santé.fr

Accélération de la numérisation des données de santé

Des mesures sont également mises en place pour encourager la numérisation des données de santé. D’ici fin 2024, l’ordonnance numérique sera démocratisée, facilitant ainsi la prescription électronique. L’application carte Vitale sera largement diffusée pour faciliter les remboursements en cas de perte ou d’oubli de la carte physique. Des efforts seront également déployés pour fluidifier le processus de facturation des frais de soins. De plus, la formation et l’accompagnement des professionnels de santé, dès leurs études et tout au long de leur carrière, sont jugés essentiels pour leur permettre de maîtriser les technologies nécessaires à cette numérisation.

Face à cette dématérialisation considérable, le développement de solutions visant à assurer la sécurité et la confidentialité des données de santé est une préoccupation majeure. La co-construction d’un référentiel d’exigence sectoriel et la création d’un Observatoire transversal de la e-santé, permettant notamment d’évaluer le niveau de maturité des établissements, contribueront à garantir la sécurité et la fiabilité des données dans cet environnement numérique.

Intégration de l’analyse des données massives

L’intégration de l’analyse des données massives est une orientation stratégique de la Délégation ministérielle au Numérique en Santé (DNS) pour répondre aux besoins des acteurs de santé (amélioration des diagnostics, prévention, prise de décision médicale etc.). Dans cette optique, une stratégie nationale sur la réutilisation et l’ouverture des données de santé sera dévoilée au premier semestre 2024 par la Direction de la recherche des études de l’évaluation et des statistiques (DREES) en concertation avec les différentes parties prenantes (professionnels de santé, organisations de soin, usagers, chercheurs, organismes nationaux de recherche, puissance publique, etc.).

Cette ouverture d’accès aux données des citoyens aura pour objectif de renforcer l’innovation et les avancées dans les domaines de la médecine personnalisée, de la gestion des maladies chroniques et de la santé publique.

Recherche & développement et emploi numérique en santé

La recherche et l’emploi sont également présentés comme des domaines d’intervention prioritaires. Des tiers lieux d’expérimentation sont déployés depuis 2022, favorisant l’expérimentation de solutions numériques innovantes en santé. Deux domaines d’intérêts majeurs sont identifiés : la perte d’autonomie et la santé mentale. Des financements seront également alloués aux projets de recherche et développement en santé numérique. Enfin, le développement d’une base nationale ouverte des essais cliniques en France est prévu d’ici le premier trimestre de l’année 2024.

En ce qui concerne l’emploi, une cartographie des métiers du numérique en santé est en cours de développement pour mieux appréhender les profils requis. L’attractivité des postes dans le domaine est renforcée, avec des actions de promotion des emplois. L’objectif est de stimuler la création de postes spécialisés et de soutenir la croissance du secteur, en favorisant une main-d’œuvre qualifiée et motivée pour faire face aux défis de la santé numérique.

Cette feuille de route offre des perspectives prometteuses en matière d’efficacité, d’accessibilité aux soins pour les publics isolés, et de sécurité des données médicales. Elle représente une étape cruciale vers un système de santé moderne et centré sur les besoins des patients et des professionnels. Toutefois, sa mise en œuvre nécessitera une collaboration étroite entre toutes les parties prenantes, afin de garantir la réussite de cette transition vers un système de santé numérique plus innovant et porté sur la santé collective.

Sources utilisées

Liens utiles

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