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« La dématérialisation entraîne aussi une certaine dépendance » – Laura Geray, responsable du service PCB de l’UDAF 91

Cet article a été réalisé dans le cadre d’un partenariat avec La Banque Postale, et fait partie d’une série d’articles destinés à accélérer l’inclusion financière par le numérique. Retrouvez les autres articles ici !

C’est en 1945 que sont officiellement instituées l’UNAF (Union Nationale des Associations Familiales) et ses branches départementales, les UDAF. Aujourd’hui, 99 UDAF, une dans chaque département, défendent les intérêts des familles qui les sollicitent.

L’UDAF de l’Essonne (91) a été créé en 1966. Elle compte aujourd’hui près de 130 salariés qui, tous et toutes, ont pour mission d’accompagner et de protéger les familles essonniennes. L’association, active sur les problématiques budgétaires et la prévention des fragilités financières, a également créé son propre espace numérique, la « plateforme numérique », dans ses bureaux à Evry.

Comment combiner inclusion numérique et accompagnement budgétaire ? Quel est le rôle de l’UDAF dans la transformation numérique des associations du département ?

C’est avec ces questions en tête que le média Les Bons Clics s’est entretenu avec Laura Geray, la responsable du service Point Conseil Budget de l’UDAF de l’Essonne, et sa collègue Koumbouna Gory, conseillère numérique France Services arrivée il y a peu dans la structure.

UDAF de l'Essonne : la plateforme numérique a été ouverte en 2017.
La plateforme numérique de l’UDAF de l’Essonne est composée de six postes de travail.

Les Bons Clics : Quelles sont les activités mises en place par l’UDAF de l’Essonne ?

Laura Geray : L’UDAF de l’Essonne est une association loi 1901 née il y a 55 ans. Nous avons mis en place de nombreux services, le premier desquels concernant la vie associative : 63 associations du département sont adhérentes à l’UDAF, et il faut faciliter leur coordination. Deux autres services se centrent sur la protection juridique des majeurs et sur celle des mineurs. Nous intervenons également auprès des familles en tant que médiateurs pour aider à résoudre des conflits, et soutenons les tuteurs familiaux qui auraient besoin de nous. Nous organisons aussi un système de parrainage de proximité : il s’agit de faire le lien entre un enfant et un adulte du voisinage qui deviendra son parrain ou sa marraine.

En 2020, nous avons accompagné 540 familles pour des mesures juridiques d’aide à la gestion du budget familial. Elles permettent un suivi des prestations des familles et une priorisation de leurs dépenses. Je gère, pour ma part, le service Point Conseil Budget : nous avons aujourd’hui quatre structures labellisées qui aident toutes les personnes ayant besoin d’un accompagnement budgétaire à court ou long terme. Nous offrons également des microcrédits personnels, en lien avec le Crédit municipal de Paris, pour celles et ceux qui n’ont pas accès au crédit bancaire classique.

Beaucoup de personnes viennent nous voir pour déposer un dossier de surendettement. Parfois, c’est trop tard et on les accompagne dans la démarche. D’autres fois, on se rend compte qu’une aide à la gestion d’un budget peut suffire.

Notre plateforme numérique, elle, a été ouverte en décembre 2017 pour accompagner vers le numérique celles et ceux qui le souhaitent et/ou qui en ont besoin. C’est une salle de formation à Evry, dans un point relai Caf : un de nos bureaux a été réaménagé pour l’occasion. Nous avons six postes de travail, en plus d’un ordinateur destiné au point relai et d’un autre pour l’animateur ou l’animatrice des formations. Les formations étaient gérées par une personne en service civique mais c’est important d’inscrire cet accompagnement dans la durée. Qui plus est, la plateforme a dû arrêter ses activités en raison de la crise sanitaire. Elle reprendra bientôt du service grâce à l’arrivée de Koumbouna.

Koumbouna Gory : Oui. J’ai pour ma part été recrutée dans le cadre du dispositif Conseillers Numériques France Services. Je suis encore en cours de formation, mais je prépare la reprise des ateliers numériques pour le début d’année. Le matin, nous nous concentrerons sur de l’aide aux démarches en ligne et nous organiserons, l’après-midi, des ateliers collectifs et thématiques en fonction des demandes des usagers.

Les Bons Clics : Le numérique peut jouer un rôle important dans la prévention des fragilités financières. Essayez-vous de combiner vos activités d’inclusion numérique avec celles d’accompagnement budgétaire ?

Laura Geray : Totalement. C’est également le sens de l’arrivée de Koumbouna et de la reprise de la plateforme numérique. L’aide aux démarches administratives en ligne permet par exemple d’accéder à ses droits, qu’il s’agisse d’allocations familiales ou du revenu de solidarité active. Nous rencontrons fréquemment des cas de rupture de ressources car les personnes que l’on accompagne n’avaient pas vu sur le site de la Caf qu’il manquait un document.

Les ateliers collectifs, eux, visent la mise en autonomie numérique. Beaucoup de personnes ne savent pas utiliser les services bancaires en ligne. Consulter ses comptes en temps réel, savoir si on est à découvert… Se former aux compétences numériques de base leur permettra d’analyser plus facilement leur budget. Nous aimerions également présenter des applications intéressantes pour gérer son budget, ou encore présenter les bons plans qu’offre internet pour diminuer certaines de ses factures.

C’est pour cela que nous ravies que la plateforme numérique ouvre à nouveau. Même si faisons un peu d’accompagnement au numérique en PCB, nous n’avons pas toujours le temps de faire avec les personnes, et nous devons faire certaines démarches à leur place. Ce n’est évidemment pas notre but.

La dématérialisation entraîne aussi une certaine dépendance vis-à-vis de nous : les personnes font de moins en moins de choses par elle-même, ne serait-ce que constituer un dossier. Tout est devenu numérique. On est parfois contraintes de faire les choses à leur place alors qu’ils auraient pu le faire eux-mêmes, en format papier, et en tirer de la fierté.

Et, au-delà d’un accompagnement vers le numérique, nous souhaitions également numériser notre accompagnement budgétaire. C’est encore à l’état de projet, mais nous aimerions développer un « PCB numérique ». Il s’agirait par exemple d’offrir des rendez-vous en visioconférence – pour celles et ceux qui le peuvent –, de proposer une prise de rendez-vous par internet… Ce sont des choses auxquelles on pense pour être au plus près des personnes.

Les Bons Clics : Selon votre dernier rapport d’activité, un des objectifs de l’UDAF de l’Essonne consiste à « accompagner la révolution numérique ». Comment accompagnez-vous la transformation numérique des 63 associations adhérentes, et comment vivez-vous la vôtre ?

Laura Geray : La révolution numérique a de fait un impact sur les personnes que nous accompagnons, mais également sur la manière dont l’action sociale va accompagner les familles.

L’UDAF, depuis quelques temps déjà, essaye de se mettre à la page : on souhaite développer de nouveaux projets sans pour autant perdre les personnes qu’on accompagne. On a un comité des usagers, qui regroupe celles et ceux qui veulent se mobiliser collectivement : les échanges peuvent désormais se faire en visioconférence.

C’est aussi le cas pour les actions collectives que l’on mène auprès des associations adhérentes. Elles se déroulaient exclusivement en présentiel, et cela devient hybride entre présentiel et distanciel. Ces actions nous permettent d’expliquer comment bien accompagner à la gestion budgétaire, comment bien accompagner vers un logement, comment faire face à une procédure d’expulsion…

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