Financer votre espace numérique
Cet article détaille les trois étapes à suivre pour financer votre espace numérique. Il fait partie du parcours « Créer un espace numérique », dont vous pouvez retrouver la trame en bas de page. En complément de cet article, nous avons préparé une présentation interactive résumant les principaux points abordés ici.
Une des questions les plus épineuses lors de la création et du développement d’un espace numérique est celle du modèle économique. Si la recherche de financements peut soulever son lot de doutes et de craintes, elle ne doit pas vous décourager pour autant : pour vous guider et vous rassurer dans votre quête, ce papier détaille trois étapes essentielles sur le chemin de la viabilité financière.
Cerner les besoins, établir son budget
La première étape consiste à établir un budget prévisionnel, et donc à estimer les charges et les revenus potentiels de votre espace numérique. Pour ce faire, il convient d’abord d’adapter votre espace aux besoins de vos publics en se demandant :
- Combien y a-t-il d’habitants dans votre territoire d’action ?
- Quelle est votre cible ? Est-ce que vous ciblez principalement les populations en précarité, les personnes âgées, les jeunes ?
- Existe-t-il déjà un espace numérique dans votre secteur ? Si oui, est-il payant ?
- Combien de personnes souhaiteriez-vous accueillir chaque semaine ?
Pour répondre au mieux aux besoins de vos publics cibles, vous pouvez réaliser un questionnaire pour cerner leurs attentes et leurs usages. Pour ce faire, les relais locaux, comme les médiathèques, les mairies ou les centres communaux d’action sociale peuvent vous aider en diffusant votre formulaire. Et pour en savoir plus sur le cadrage et le ciblage de votre projet, vous pouvez – si ce n’est pas déjà fait – consulter notre guide.
Il n’existe pas de règle absolue pour définir le nombre de postes à installer dans votre espace. Toutefois, à titre indicatif, l’audit des EPN (Espaces Publics Numériques) de Paris avait estimé qu’en 2010, les dix-neuf espaces numériques en libre accès de la capitale disposaient en moyenne de :
- Quatorze postes en libre accès (avec un minimum de six postes et un maximum de trente-sept)
- Un ordinateur pour l’animateur
- Une imprimante (moyenne de 1,4)
- Un scanner (moyenne de 1)
Et, à titre d’exemples, le Faitout Connecté, tiers-lieu dans l’Aisne (Saint-Erme-Outre-et-Ramecourt), met à disposition trois ordinateurs et une imprimante dans son espace en libre accès. A Châlon-sur-Saône (Saône-et-Loire), le Kiosque Multimédia est équipé de neuf ordinateurs en libre accès et, à Guéret dans la Creuse, la Quincaillerie Numérique disposait en 2016 de six postes informatiques.
Aussi, s’il demeure difficile d’établir une structure de coûts universelle pour les espaces numériques en raison de leur diversité, les postes de dépenses les plus importants concernent généralement le matériel et les ressources humaines. En la matière, des grilles budgétaires faciliteront la structuration de vos coûts et de vos revenus, à l’instar des modèles mis à disposition par Movilab, qu’il s’agisse de la version élaborée ou simplifiée.
Réduire ses dépenses grâce à des partenariats
Financer son espace numérique demande ainsi de limiter ses dépenses. En la matière, rechercher des partenaires vous permettra d’optimiser votre budget : en sollicitant le plus d’interlocuteurs possibles, votre espace bénéficiera non seulement de visibilité mais aussi d’éventuels soutiens. Les mairies ou les collectivités locales, par exemple, peuvent fournir un local à faible coût voire gratuitement.
Le mécénat en nature peut également réduire l’investissement initial nécessaire à la création de votre structure, notamment au regard de l’achat de matériel informatique. Certaines organisations autour de vous (écoles, services informatiques publics, entreprises) renouvellent régulièrement leur parc informatique et/ou disposent de matériel et de mobilier inutilisé qui pourrait trouver une seconde vie dans votre espace multimédia.
Certaines entreprises peuvent également vous sponsoriser en échange d’une contrepartie, généralement de la visibilité dans votre local ou sur vos supports de communication (site, flyers, affiches…).
Pour augmenter vos chances de nouer des partenariats pour votre projet, il faut d’abord vous tenir prêt à le présenter et à convaincre de son bien-fondé. En complément de cette présentation, vous pouvez adresser à vos partenaires potentiels un support de présentation de votre projet synthétisant ses objectifs, ses enjeux, son budget et son intérêt pour vos futurs partenaires.
N’hésitez pas à vous tourner vers des entreprises locales : elles se retrouveront d’autant plus facilement dans votre projet qu’elles s’inscrivent dans le même territoire et visent, potentiellement, les mêmes publics que vous.
La recherche de partenariats peut également s’avérer fructueuse pour l’animation de votre espace : grâce au travail d’associations ou à l’intervention de bénévoles, votre espace deviendra plus vivant. Certaines entreprises préfèrent également miser sur le mécénat de compétences en faisant appel au savoir-faire d’un ou plusieurs de leurs employés.
Quatre sources de financement
Votre budget prévisionnel est établi et vos partenariats noués : reste maintenant à trouver des sources de financement. Les subventions publiques constituent la première d’entre elles, et se déclinent selon des échelles et des montants variables.
Financer son espace numérique grâce aux subventions
De nombreuses administrations publiques comme les communautés de communes ou les régions subventionnent les projets d’inclusion numérique à travers des appels d’offres réguliers. Certains sites, comme Appel à Projets, regroupent les appels d’offres en cours. L’appel à manifestation d’intérêt « Fabriques de Territoire » se poursuit par exemple tout au long de 2021, avec à la clé un soutien d’entre 75 000 et 150 000 euros sur trois ans pour les tiers-lieux lauréats.
Par ailleurs, « l’incubateur d’état » Beta.gouv.fr a récemment lancé Aides-territoires, un programme en open source destiné à recenser les aides publiques disponibles en France, triables selon votre structure, votre territoire d’action et les thématiques sur lesquelles porte votre projet.
Le tableau ci-dessous liste les principales subventions publiques actuelles, et détaille pour chacune d’elles l’interlocuteur à privilégier, les bénéficiaires potentiels ainsi que le montant des aides accordées.
« Dès qu’on pouvait répondre à des appels à projet, on s’est mis dessus, ça nous a permis d’embaucher et de mettre en place des permanences numériques itinérantes dans huit communes. Mais il faut toujours innover dans nos réponses pour pérenniser le lieu grâce à de nouveaux financements ».
Bénédicte G., APIJE de Sète
A noter toutefois, le dernier cadre financier pluriannuel de l’Union Européenne s’achevait en 2020. Concernant le budget du FSE (Fonds Social Européen) pour la période 2021 – 2027, un accord provisoire entre le Parlement et la Commission a été signé à la fin du mois janvier 2021. Dénommé FSE+ (le FSE, auquel s’ajoutent – entre autres – l’initiative pour l’emploi des jeunes et le Fonds européen d’aide aux plus démunis), le montant alloué de près de 88 000 milliards d’euros reste à confirmer.
En ce qui concerne le Fonds Européen de Développement Régional (FEDER), sa gestion est confiée aux conseils régionaux. Vous pouvez vous renseigner auprès de ces derniers pour connaître leurs priorités et les budgets alloués, le cas échéant, à l’inclusion numérique.
Type d’aide | FSE+ | DETR1 | FNADT2 | FDVA3 |
---|---|---|---|---|
Interlocuteur | Consiel régional | Préfécture de département | Préfecture de département ou de région | Directions de la cohésion sociale des régions (DDRDJSCS) et départements (DDCS) |
Bénéficiaires | Associations, collectivités territoriales, entreprises | Communes et EPCI respectant les seuils de population établis | Collectivités, associations, entreprises | Associations |
Montant | Variable selon les régions : entre 50% et 85% (voire 95%) | Variable selon les départements et les types de projet. | Variable selon les régions | Variable selon les départements et le type d’aide (formation ou fonctionnement) |
Démarche | Démarche en ligne via le site du FSE | En ligne via Démarches Simplifiées | En ligne via Démarches Simplifiées | En ligne via Le Compte Asso |
2. Fonds national d’aménagement et de développement du territoire
3.Fonds de développement de la vie associative
Financer son espace grâce à des fonds privés
Pour financer votre espace numérique, vous pouvez également faire appel à des fonds privés. Certaines entreprises ou fondations financent des projets d’inclusion numérique et publient régulièrement des appels d’offres à cet effet. Parmi les fondations privées œuvrant pour l’inclusion numérique figurent :
- Le Fonds pour le Civisme en Ligne mis en place par Facebook France. Chaque année, Facebook France sélectionne et finance des organisations promouvant les bons usages du numérique. A titre indicatif, vous pouvez retrouver les huit lauréats de l’édition 2020 sur cette page.
- La Fondation Afnic : au travers de son appel à projets annuel, elle aide les organisations accompagnant les publics éloignés du numérique. Le prochain appel à projets de la Fondation Afnic débutera au premier trimestre de 2021.
- Les fondations d’entreprises du numérique, à l’instar de la Fondation Orange, la Fondation SFR ou la Fondation Sopra Steria
« Nous avons été lauréats de la fondation AFNIC en 2016, ce qui a permis de financer l’espace sur trois ans : financement RH, local, matériel… Au bout des trois ans, il a fallu trouver d’autres sources de financement, et nous avons continué à répondre à d’autres appels à projets ».
Bénédicte G., Responsable des Espaces Numériques à l’APIJE
Les abonnements et le financement participatif
D’après une enquête utilisateur menée par Les Bons Clics en juillet 2020, seulement 10% des espaces numériques sont payants. Plus de la moitié sont accessibles gratuitement pour tous et, pour un tiers d’entre eux, la gratuité ne s’applique qu’aux habitants de la commune.
Les formules d’abonnement payant ne sont ainsi pas habituelles pour financer les espaces numériques mais, selon le type d’activités souhaité et le public que vous ciblez, elles représentent une option que vous souhaiterez peut-être explorer.
Si votre structure est à but non lucratif, un faible abonnement peut vous permettre de couvrir une partie de vos frais fixes. Vous pouvez également décider d’offrir l’accès à l’espace, mais de rendre payants certains services, en mettant en place l’impression à prix coûtant par exemple.
Le financement par les particuliers représente une autre possibilité de financement de votre espace. Facilitées par le développement d’outils numériques, ces sources alternatives de financement demeurent marginales, et prennent deux formes principales :
- Les plateformes de don sans contrepartie : ces plateformes, comme helloasso ou GoFundMe, permettent de collecter des dons pour des projets d’intérêt général, sans commission ni contrepartie. Depuis 2015, l’entreprise Goodeed développe également le don gratuit : en visionnant des publicités, les internautes peuvent aider à financer des initiatives ou des projets associatifs (cliquez ici pour en savoir plus).
- Les plateformes de financement participatif (crowdfunding en anglais) : à l’instar de KissKissBankBank, d’Ulule ou de Zeste, elles permettent de financer des initiatives ou des projets avec ou sans contrepartie. D’autres plateformes, comme Kengo en Bretagne ou, plus au sud, Vendée’Up, se développent à l’échelle locale, et peuvent représenter une bonne porte d’entrée auprès de vos publics.
Si vous optez pour ces modes de financement, prenez toutefois garde à bien vous renseigner sur les commissions éventuelles prélevées par les plateformes avant de lancer votre campagne de financement.
Enfin, en conclusion et complément de cet article, l’équipe Les Bons Clics a réalisé une présentation interactive qui synthétise les points abordés ici. Vous pouvez aussi passer à la prochaine étape du parcours – l’aménagement de votre local – et/ou nous contacter à redac@lesbonsclics.fr pour toute question, remarque ou suggestion.
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