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Partenariats : « Tous ceux que nous avons contacté nous ont répondu favorablement » – Cécile Parlot, maire de Romagné (35)

En janvier 2022, la commune de Romagné, dans l’Ille-et-Vilaine (35), ouvrira les portes de son nouvel espace socio-culturel, L’Escale. Pour les 2 492 habitantes et habitants de la collectivité, ce lieu est la promesse d’échanges, de liens et d’apprentissages, notamment en matière numérique.

Car, si l’inclusion numérique ne faisait pas partie des premières priorités de la commune pour ce projet, la dématérialisation – notamment des démarches administratives – aura fini de les convaincre. « La dématérialisation, ce n’est pas pour dans 20 ans, c’est pour tout de suite, et nous ne voulons laisser personne sur le côté », détaille Cécile Parlot, maire de Romagné depuis mai 2020.

Pourquoi et comment impliquer des acteurs locaux dans le déploiement d’une offre d’inclusion numérique ? Comment créer et maintenir une dynamique partenariale avec ces derniers ?

C’est avec ces questions en tête que WeTechCare s’est entretenue avec Cécile Parlot, maire de Romagné, et Elise Tual, coordinatrice du pôle culture, communication, vie sociale et associative pour la commune.

Romagné : sensibilisation des partenariats
L’Escale, le pôle socio-culturel de Romagné, ouvrira ses portes en janvier.

WeTechCare : Qu’est-ce qui vous avez poussé à monter un espace d’inclusion numérique ?

L’inclusion numérique à l’Escale s’inscrit dans un projet plus global qui remonte à 2004, quand nous souhaitions étendre ou refaire une bibliothèque. Ce n’est que dix ans plus tard que nous avons eu le feu vert pour travailler sur le projet de médiathèque. Le maire de l’époque nous a alors incités à réfléchir sur les services qu’il fallait y implanter.

Le numérique est venu un petit peu après, entre 2018 et 2019. Avec la dématérialisation de 100% des démarches d’ici 2022, nous avons pensé que cela allait être un enjeu essentiel pour un certain nombre d’habitants très éloignés du numérique.

Aussi, quand l’État a lancé l’appel à manifestation d’intérêt pour les conseillers numériques, nous avons postulé immédiatement. En juin dernier, un conseiller numérique nous a donc rejoints et, aujourd’hui, il alterne entre sa formation, l’accompagnement en mairie et la préparation du programme d’accompagnement de l’Escale.

WeTechCare : Impliquer les acteurs locaux, ou faciliter l’échange avec eux, est une étape essentielle dans la mise en œuvre d’un programme d’inclusion numérique. Quels en ont été les enjeux pour le pôle socio-culturel de Romagné ?

Le principal enjeu, c’est de construire une politique qui répond autant aux besoins des habitants qu’aux offres qui existent déjà en proximité. Il s’agit de construire un projet commun, qui ait du sens pour tous et toutes, qui soit complémentaire de l’existant ou, à l’inverse, qui permette de mutualiser certains services.

Il y a également un enjeux de croisement des publics : imaginer des actions communes avec les espaces de vie sociale ou les centres sociaux du territoire permet de faire se rencontrer des populations dont les parcours, les élans, les habitudes de vie sont parfois différents. C’est intéressant dans l’esprit de ce projet qui mise sur la mixité, la rencontre et l’ouverture.

Les partenaires, notamment ceux qui sont en contact direct avec les habitants, sont aussi des relais de leurs besoins.

WeTechCare : Comment avez-vous procédé pour les identifier, les contacter et les impliquer ?

Cela marche par cercles concentriques. Forcément, des premiers partenaires ont été inclus dans la réflexion sur la programmation du bâtiment. Ce sont notamment les services de la médiathèque, parce que le projet initial était d’agrandir la médiathèque, mais nous avons également impliqué les habitants et les associations de la commune, ainsi que les assistantes maternelles (ndlr : l’Escale abritera une maison des assistantes maternelles) et le relai petite enfance.

Nous avons ensuite pensé aux autres structures qui, aux alentours, proposent une offre socio-culturelle. Nous essayons aussi d’inclure les communes avoisinantes dans le projet, puisqu’on espère que ce projet aura un rayonnement au-delà de Romagné. C’est pourquoi nous avons fait passer un questionnaire dans les communes voisines. 

Et nous étendons progressivement aux structures similaires, à chaque fois un peu plus loin, en fonction des thématiques auxquelles on s’intéresse et des directions que l’on prend. Par exemple, sur l’axe numérique, nous allons continuer à rechercher les structures alentour qui travaillent sur le sujet, et avec lesquelles c’est intéressant de créer du lien pour avoir des idées, mieux construire notre offre.

Nous avons rejoint un réseau des acteurs du numérique, qui est piloté par le département d’Ille-et-Vilaine, mais construit par agence départementale, en l’occurrence celle du pays de Fougères. Le réseau vient seulement de se constituer, mais il inclut les CCAS (ndlr : centres communaux d’action sociale) les missions locales, les centres sociaux, des associations…

WeTechCare : Quels bénéfices en avez-vous tirés ?

Cela permet que chacun et chacune parle de ce qu’il ou elle fait : sans cette connaissance les uns des autres, nous serions restés dans notre domaine d’action. Nos échanges en deviennent plus riches, nous permettent d’envisager des choses nouvelles et d’être plus innovant.

Cela permet s’interroger sur nos spécificités et sur les moyens que l’on a pour être plus complémentaires.

WeTechCare : Qu’est-ce qui fait, alors, la ou les spécificités du projet de Romagné ?

Notre première originalité, c’est le lien avec la population. La dimension participative et citoyenne en amont du projet nous a permis de construire un lieu inclusif. Le nom de l’espace socio-culturel, L’Escale, a par exemple été choisi avec les habitants, tout comme les valeurs qu’il doit servir : la convivialité, l’épanouissement et l’engagement – pour le développement durable notamment. Les habitants sont réunis dans un comité, vont participer à la première exposition d’œuvres d’art dans le lieu…

Notre champ d’intervention est également assez large, allant des activités de loisir créatif à l’accompagnement vers l’autonomie – par exemple pour les démarches – et l’accompagnement dans la perte de l’autonomie. Nous essayons aussi de construire une programmation de spectacles ou de soirées… C’est un lieu très composite et très divers dans ses activités, qui touche tous les publics.

C’est à la fois un lieu où on peut faire participer les habitants, et les faire s’investir dans l’animation d’ateliers, et un lieu animé par des professionnels. Nous avons un conseiller numérique, ce qui n’est pas le cas de tous les lieux d’accompagnement. Sur chacun des sujets, nous avons un ou des professionnel(s) dédié(s).

WeTechCare : Tous les partenaires que vous souhaitiez impliquer ont-ils répondu présent ? Si non, leur absence a-t-elle été limitante ?

Toutes celles et tous ceux qu’on a contactés nous ont répondu favorablement, même si nous construisons finalement des actions partenariales de manière plus ou moins fine avec chacune et chacun. On ne va pas forcément avoir le même niveau de collaboration avec tous les partenaires, mais ça se construit petit à petit.

Nous restons dans une optique de développement constant, donc nous allons toujours chercher d’autres partenaires. Un exemple de partenariat qui n’a pas abouti concerne nos ateliers de cuisine. Ce sont des ateliers qui peuvent être animés par des habitants, par une diététicienne… Nous souhaitions que des organismes de formation professionnelle interviennent, mais c’est un partenariat qui n’a pas pris. Parfois, ça ne marche pas, mais ce n’est pas parce que ça ne marche pas aujourd’hui que ça ne pourra pas marcher demain.

WeTechCare : Comment s’assurer de la richesse et de la régularité des échanges ? Comment comptez-vous maintenir le lien avec tous les partenaires à court et moyen termes ?

La communication est essentielle, mais avec une multitude de partenaires et des liens plus ou moins établis, c’est compliqué de garder le même niveau de communication auprès de tous.

Tous les trois mois, et pendant une demi-journée, un comité de pilotage du projet se réunit. Il est constitué des différents cercles de partenaires que l’on évoquait, comme la médiathèque, la maison des assistantes maternelles, le relai petite enfance, la municipalité ou encore les financeurs – avérés et potentiels – et les partenaires qui vont assurer des permanences à l’Escale : la Mission locale, la sous-préfecture en tant que maison France Services, et le CLIC (ndlr : Centre Local d’Information et de Coordination gérontologique).

La complexité des partenariats, lorsque l’on monte un projet comme le nôtre, c’est que comme nous sommes en demande de construction et d’enrichissement du projet, nous allons finalement plus vers eux que l’inverse. Tout l’enjeu est de parvenir dans le temps à instaurer un équilibre basé sur des habitudes de travail et de sollicitations qui vont dans les deux sens : que d’un côté comme de l’autre en fonction des projets respectifs, nous pensions à nous appeler, à nous coordonner et être force de propositions pour aller jusqu’à créer des projets communs.

Pour franchir ce cap et réussir nous pensons qu’il n’y a pas de recette magique. La clef certainement est toujours d’aller vers, partager et communiquer !


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