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Numérique et seconde main en période d’inflation

Cet article sur la seconde main et le numérique est le cinquième d’une série réalisée dans le cadre d’un partenariat avec la Fondation Cetelem.

Une récente étude du CREDOC estime que près de deux tiers des ménages français « ont opéré des changements de comportements pour faire face à la hausse des prix ». Autre enseignement de l’étude : l’achat de produits d’occasion aurait permis à 43% d’entre eux d’économiser de l’argent.

Alors que les prix à la consommation ont augmenté de 1% en octobre selon l’INSEE — équivalant à une inflation de 6,2% sur un an —, la seconde main a toujours le vent en poupe. Et le numérique donne de nouvelles façons d’y recourir. 

De nombreuses plateformes de seconde main permettent en effet de trouver du mobilier, des vêtements, des ustensiles, des livres ou des jouets à prix réduit. Le média Les Bons Clics vous propose aujourd’hui d’en découvrir quelques-unes, que vos publics (et vous) pouvez utiliser pour économiser.

Formation à Leboncoin dans l'EPN de Bras-sur-Meuse
Loïc Patenere, animateur multimédia du Numéripôle, pendant l’atelier de formation à Leboncoin.

Seconde main : les plateformes généralistes

Leboncoin

Créé en 2006, leboncoin est la première plateforme d’achat et de vente de produits d’occasion en France. En quelques mots, leboncoin est un site web mettant en relation des vendeurs et des acheteurs, et fonctionnant notamment grâce à des commissions prélevées sur chaque achat. Début novembre, elle comptabilise près de 60 millions d’annonces.

Le site peut être consulté sans inscription, mais pour réaliser un achat ou publier une annonce, il est nécessaire de s’inscrire (une adresse mail est demandée). Les échanges entre les vendeurs et les acheteurs peuvent se réaliser par la messagerie du boncoin, ou via les coordonnées de contact indiquées par l’acheteur. La fonction de localisation permet à cet égard de rechercher les biens près de chez soi. 

L’année dernière, le média Les Bons Clics avait assisté à un atelier de formation au boncoin, dans l’espace public numérique de Bras-sur-Meuse (55), le Numéripôle. Loïc Patenere, l’animateur multimédia de l’EPN, procédait alors par étapes — la première, « la plus dure », étant de se connecter. 

« Nous allons commencer par vendre, parce que ça nous permettra de mieux comprendre comment acheter ensuite », détaillait-il ensuite. En suivant les consignes de la plateforme pour publier une annonce, les participants découvraient tour à tour comment choisir un titre, des catégories, des mots-clés, un mode de livraison, des photos, des coordonnées de contact…

Face au risque d’arnaques et à la peur qu’elles génèrent, il s’agissait en miroir de mieux comprendre comment sont réalisées les annonces.  Aussi faut-il toujours essayer, pour Loïc Patenere, « de prévenir des risques, tout en les relativisant. Il ne s’agit de ne pas faire peur tout en informant ».

Liens utiles : 

eBay : « Il y a du pouvoir d’achat dans les placards »

Arrivée en France 1998, eBay est une plateforme d’e-commerce états-unienne qui a peu à peu perdu sa place au profit du boncoin et, plus récemment, de Vinted. Le fonctionnement d’eBay est relativement similaire à celui du boncoin : il s’agit de mettre en relation des vendeurs et des acheteurs, et c’est une commission payée par le vendeur qui finance la plateforme. 

La particularité d’Ebay est son système d’enchères : s’il est possible d’activer l’option d’achat immédiat en tant que vendeur, les acheteurs peuvent également avoir à enchérir pour acquérir le bien. A noter : enchérir signifie s’engager à payer si l’on remporte l’enchère.

En septembre dernier, eBay a annoncé son retour sur le marché de la seconde main en France. « Il y a du pouvoir d’achat dans les placards », déclarait alors au Parisien la directrice générale d’eBay en France, Céline Saada-Benaben. 

Une étude d’Ipsos pour eBay estimait en effet à 717 millions le nombre d’objets inutilisés qui pourraient être revendus, avec près de 70% des Françaises et des Français qui envisageraient de les revendre en ligne pour « arrondir leurs fins de mois ».

Le guide pour les nouveaux vendeurs d’eBay peut être un bon point de départ pour s’informer. Note : si le lien ne fonctionne pas du premier coup, sélectionnez à droite du leader, « Je suis un vendeur particulier ». 

Liens utiles :

eBay est un des plus anciens sites de petites annonces. Arrivé en 1998 en France, eBay souhaite conquérir le marché de la seconde main. Sur cette capture d'écran de la page d'accueil, on peut lire  "Une déco de seconde main pour Noël".
Capture d’écran de la page d’accueil eBay.

Facebook : Marketplace et groupe d’échanges

C’est en 2017 que le Marketplace (« place de marché ») de Facebook a vu le jour en France. Son fonctionnement est similaire à celui d’un site de petites annonces comme leboncoin ou eBay, à la différence près qu’il est intégré au réseau social. 

De là : 

  • La nécessité d’avoir un compte Facebook pour procéder à un achat ou une vente ;
  • L’utilisation de Messenger (le service de messagerie de Facebook) pour échanger avec un acheteur ou un vendeur ; 
  • L’absence de commissions sur le prix de vente (le modèle économique de Facebook est basé sur la publicité). 
A noter : prendre garde au dropshipping.

Le dropshipping [« livraison directe » en français] est une vente en ligne (au demeurant légale) dans laquelle la personne qui vend un bien ne se charge que de sa commercialisation. La livraison est entre les mains du fournisseur. 

Bémol pour la clientèle : les biens peuvent être vendus au double – ou plus – de leur valeur. Pour l’éviter, deux étudiants ont récemment créé Antidrop, une plateforme qui permet de détecter si un site pratique le dropshipping. Il suffit pour cela d’une recherche par URL. 
Seconde main : la place de marché de Facebook est intégrée au réseau social.
Capture d’écran de Facebook Marketplace

Label Emmaüs et Trëmma

Les boutiques Emmaüs ont elles aussi leur pendant virtuel : il s’agit de la SCIC (société coopérative d’intérêt collectif) Label Emmaüs qui a vu le jour en 2016, la même année que sa Marketplace label-emmaus.co

Les produits d’occasion mis en vente proviennent d’acteurs de l’économie sociale et solidaire et une partie des ventes sert à former des personnes éloignées de l’emploi. A but non lucratif, cet « e-shop militant » réinvestit intégralement ses bénéfices dans l’activité. 

Seconde main : Label Emmaüs se décrit comme boutique en ligne militante. Sur cette capture d'écran, on peut lire : "Qui a peur du grand méchant neuf ?"
Capture d’écran de la marketplace de Label Emmaüs.
Le témoignage de Nathalie Gomez, CNFS pour l’association La Fraternité, à Nantes

Nous accompagnons notre public dans le cadre d’ateliers collectifs suite à une demande récurrente de nos apprenants∙tes. 

Il s’agit d’un public rencontrant des difficultés financières et leur permettre de pouvoir acheter à petits prix des produits de seconde main suscite chez elles un réel engouement.

Lors de ces ateliers chaque personne s’inscrit sur un ou plusieurs sites d’occasions pour réaliser des achats d’accessoires (poussettes, lits etc…) pour les enfants ou, pour d’autres, de l’alimentaire.

Nous les accompagnons tout au long de la démarche, du paiement sécurisé jusqu'à la finalisation de l’achat.Ces actions nous permettent d’aborder plusieurs thématiques : 
1. L’inscription sur un site marchand
2. La vérification des règles de sécurité (site réel ou frauduleux)
3. Les moyens de paiements permis sur internet
4. La sécurisation des paiements

Beaucoup de nos apprenants∙tes se sont inscrites et ont réalisé des achats sur leboncoin, Rakuten et Geev. En amont, les apprenants∙te avaient peur de faire des achats sur internet, il suffisait de les guider pas à pas pour qu'ils se sentent en confiance. 

Les plateformes pour s’habiller en seconde main

L’Institut Français de la mode a évalué à 1 milliard d’euros le marché du vêtement d’occasion en France en 2018. C’est ce secteur qui a d’ailleurs vu naître un des géants de la  seconde main, Vinted.

Vinted

Avec 50 millions d’utilisateurs, dont 19 millions en France, l’entreprise lituanienne Vinted s’est affirmée comme un des géants de la seconde main en France et en Europe. Depuis le site ou l’application, il est possible de vendre ou d’acheter des vêtements — ou d’autres produits, comme des livres — entre particuliers. 

Parmi les informations demandées à l’ajout d’un article figurent sa marque, sa taille et son état. Une description peut également être ajoutée. Les frais de livraison sont à la charge de l’acheteur, variant selon le mode d’envoi choisi (Mondial Relay, Chronopost, Relais Colis, Colissimo…).

Remboursement :

La personne réalisant un achat sur Vinted a « 2 jours après la livraison pour signaler un problème ». En cas d’article endommagé ou non-conforme, elle sera alors remboursée :  cette garantie est permise par le paiement de frais de protection à chaque achat (5% du prix de l’article + 70 centimes). Les frais de retour restent généralement à la charge de l’acheteur. 

Autres plateformes de seconde main pour l’habillement : 

Attention à la surconsommation

Les plateformes de seconde main sont financièrement avantageuses si elles sont utilisées avec parcimonie. Une étude de l’Université de Lille, publiée en avril 2021, pointe le caractère addictif de ces plateformes. 

Elodie Juge, une des actrices de l’étude, déclarait ainsi au média Vert que, sur Vinted, « il faut toujours être le ou la première sur le coup, ce qui pousse à l’hyperconsommation. Et avec les notifications et les alertes, tout est fait pour accélérer les achats, d’autant plus que la plateforme met davantage en valeur les vendeur·ses qui écoulent le plus de produits ».

Autre limite des plateformes de seconde main, pointée par la directrice générale déléguée d’Emmaüs France, Valérie Fayard : « Tout ce qui est vendu sur ces plateformes n'est pas donné aux associations. Les gens ont désormais à tendance à vendre ce qui est de bonne qualité, et nous donner les restes ». 

Equipement sportif 

Les vêtements de sport ou de l’équipement de randonnée ont leurs plateformes dédiées, à savoir Campsider et linkNsport. 

Lancée en novembre 2020, Campsider est une « place de marché » spécialisée dans l’équipement de plein air (ski, randonnée, trail, alpinisme…). En moyenne, les prix sont de 50% à 70% moins élevés que pour le neuf, et une équipe de Campsider est dédiée à la vérification des annonces pour s’assurer de la qualité des articles. 

« Le virement est réalisé une fois que l’article est reçu et validé, pour éviter les entourloupes, déclarait un des fondateurs de Campsider au magazine Outside. Et les meilleurs vendeurs sont mieux répertoriés, grâce à un système de notation ». Pour d’autres informations, vous pouvez consulter la rubrique d’aide du site.

linkNsport, pour sa part, est spécialisée sur l’équipement sportif d’occasion (équitation, cyclisme, golf, nautique…).  

Le témoignage de Margaux Andrade, encadrante numérique et précarité énergétique à la Régie de Quartier de Carcassonne 

«  Nous proposons à la Régie cette thématique « Découvrir des bons plans sur Internet pour réaliser des économies » lors de nos ateliers de 2h30 sur nos différents secteurs et dans le cadre de la formation je m’investis ".  La formation je m’investis est une formation numérique sur 4-5mois pour acquérir les bases pour utiliser un ordinateur.

Il est nécessaire d’évoquer le secteur de la seconde main, de la réutilisation des appareils, des objets en sachant l’impact que cela peut/pourra avoir sur notre planète.

Ces ateliers, ou les accompagnements en individuel sur ce sujet (installation de l’application Vinted par ex), sont à destination d'adultes actifs, en situation de précarité, des débutants… Qui nous font des retours positifs. Ils aiment découvrir de nouvelles applications »
.

Livres de seconde main

Recyclivre est une librairie en ligne certifiée ESUS (entreprise solidaire d’utilisé sociale). Son bilan 2021 fait état de plus d’un million de livres en stock, plus encore de livres vendus, et de près de 500 000 euros reversés à des associations. 

Swapbook reverse elle aussi une partie de son chiffre d’affaire à des associations mais, à la différence de Recyclivre, les ventes se font entre particuliers.

Bon à savoir : 

Les sites et les applications de Gibert (du réseau de libraires Gibert Joseph) et Momox (entreprise allemande créée en 2004), ainsi que l’application Recyclivre Rachète, permettent de gagner de l’argent en revendant ses anciens livres. 

Pour ce faire, il faut scanner le code barre d’un livre depuis l’application ou d’en recopier le code ISBN — c’est-à-dire le numéro d’identification d’une édition, généralement imprimé en quatrième de couverture — sur le site.

Les plateformes en question vous indiqueront quels livres peuvent être rachetés et à quel prix. Une fois le montant minimum atteint (une dizaine d’euros), il sera possible de les envoyer par colis à l’adresse indiquée, pour récupérer l’argent après réception.

Liens utiles : 

Cartographies et l’annuaire de l’ADEME

Si le numérique donne accès à des plateformes de seconde main, il permet également de trouver des boutiques ou des lieux de seconde main. Par exemple : 

L’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) a développé le site Longue Vie Aux Objets, qui répertorie plus de 130.000 professionnels pour allonger la durée de vie des objets. Sélectionnez votre besoin ou celui de la personne que vous accompagnez (location, réparation, revente…) ainsi que le bien dont il est question, et trouvez la structure ou le réseau qu’il vous faut parmi la liste. 

Technologies à bas prix  

Le média Les Bons Clics consacrera bientôt un article dédié aux équipements numériques à bas prix. Vous en connaissez ou vous en conseillez à vos publics ? Dites-le nous ci-dessous ou à redac@lesbonsclics.fr !

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