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Atelier numérique : comment gérer les différences de niveau dans un groupe ?

En raison de différences de niveau, d’âge, de motivation ou encore de contexte socio-culturel, tout groupe d’apprenants est par nature hétérogène. Cette hétérogénéité peut avoir une forte valeur ajoutée (apprentissage par les pairs, entre les pairs, créativité…), si bien que certains courants pédagogiques la considèrent même comme un levier d’apprentissage majeur. 

Mais ces différences peuvent également desservir un groupe ou un individu. Des demandes individuelles trop nombreuses peuvent par exemple gêner la compréhension d’un atelier. De même des différences de niveau peuvent frustrer les apprenants les moins expérimentés, ou à l’inverse ennuyer les plus avancés.

Comment composer des groupes de niveau homogènes ? Comment composer avec les différences de niveau ?

4 conseils pour composer des groupes de niveau 

1. Une offre d’ateliers lisible et progressive

La composition de groupes de niveau demande d’avoir une offre d’ateliers lisible et progressive à proposer à vos publics. Votre catalogue de formations doit ainsi mentionner l’objectif de chaque atelier, les prérequis pour y assister (compétences, matériel), sa durée, ses horaires ainsi que son coût. En la matière, les ressources Les Bons Clics sont basées sur le référentiel européen de compétences numériques (DIGCOMP) et peuvent vous aider dans le choix des thématiques, le calibrage des durées et la définition des prérequis pour participer à un atelier. 

Hétérogénéité : le catalogue de formation de l'espace numérique La Goutte d'Ordinateur.
Exemples de catalogues de formation à La Goutte d’Ordinateur (Paris 18ème)

Dans l’objectif de faciliter le travail des accompagnants dans la composition de groupe de niveau et l’identification des prérequis, Les Bons Clics propose une ingénierie simplifiée composée de trois niveaux principaux : débutant, intermédiaire et avancé.


Trois niveaux de maîtrise principaux

NiveauxDescription Exemple d’atelier à animer
Débutant La personne n’a presque jamais utilisé un ordinateur ou un appareil mobile. Elle a besoin d’apprendre à se repérer sur son équipement et à le manipuler.Utiliser le clavier ;
Se repérer sur le bureau ; …
IntermédiaireLa personne utilise la souris et le clavier et se repère sur son appareil (ordinateur ou smartphone). Elle a besoin d’apprendre les fonctionnalités de bases d’internet.Naviguer sur internet ;
Envoyer des fichiers par mail ;
Choisir et créer une boîte mail ; …
AvancéLa personne manie les fonctionnalités de base d’internet. Elle a besoin de développer des compétences liées à la sécurité en ligne, à la protection des données et de découvrir de nouveaux services (démarches, budget, parentalité…)Découvrir la sécurité sur internet ;
– Découvrir le paiement sécurisé ;
– Découvrir les outils de visioconférence ;

2. Des actions de sensibilisation pour mobiliser vos publics

Dans une offre d’accompagnement numérique, les étapes de mobilisation et de sensibilisation sont essentielles. Elles peuvent prendre la forme d’un stand dans des lieux de proximités, d’un atelier de découverte dans votre structure ou encore de l’animation d’une conférence dans le quartier.

Les possibilités sont nombreuses, comme en témoigne la ville d’Anzin, en périphérie de Valenciennes (59), dont le programme de sensibilisation s’appuie sur des stands de démonstration et d’information sur le marché de la ville, sur des dons de clés USB ou encore sur un partenariat avec des structures sociales de proximité pour mener un porte-à-porte à destination des publics seniors. De même l’association Ouishare a organisé, à l’été 2020 et dans le quartier de La Noue à Bagnolet, une série de rencontres et de débats autour de la collecte et l’utilisation des données personnelles. 

3. Un temps convivial pour positionner sur une offre adaptée

Après avoir mobilisé vos publics, vous pouvez les inviter à un temps d’échange convivial afin qu’ils se rencontrent et échangent, découvrent votre structure, identifient votre offre de formation, … Ce temps d’échange peut prendre la forme de réunions d’information collectives, comme le fait le point d’accueil Emmaüs Connect de Strasbourg depuis sa création, en 2019.

Ces réunions sont des temps de découverte et de rencontre de trente minutes ou plus, pendant lesquels les animateurs d’Emmaüs Connect se présentent, expliquent les objectifs des formations proposées, échangent et répondent aux  questions de la quinzaine d’apprenants présents, et réalisent leurs diagnostic numérique avec l’outil Les Bons Clics.

« Cela pourrait paraître contre-productif d’y dédier du temps et des moyens, mais cela permet de rassurer nos bénéficiaires, de déconstruire leur approche de la formation, et de leur proposer une offre adaptée. Beaucoup traînent des pieds en arrivant, mais 85% des personnes assistant à ces réunions d’information collectives reviennent pour leur première séance, le lundi suivant ou la semaine d’après », précise Thomas Lecourt, responsable territorial de l’association à Strasbourg.

« Sans ces réunions, ajoute-t-il, il serait difficile de rediriger l’apprenant vers une formation plus adaptée à son niveau ». A cet égard, elles permettent un diagnostic plus complet : l’indication donnée par Les Bons Clics est suivie d’échanges informels pour estimer plus précisément le niveau, les attentes et les capacités d’apprentissage d’une personne. Aussi s’agit-il de « laisser la porte ouverte » aux apprenants de niveau intermédiaire, souhaitant apprendre ou revoir les bases du numérique. 

Hétérogénéité : bien gérée, elle a une forte valeur ajoutée.
En mai dernier, le point d’accueil Emmaüs Connect à Strasbourg a inauguré son deuxième local.  – ©Emmaüs Connect

4. Des astuces pédagogiques pendant l’atelier 

  • Un carnet de question pour lister ses questions pendant le cours 

Même lorsque les membres d’un groupe ont des compétences numériques équivalentes, l’animateur d’un atelier collectif est régulièrement confronté à des demandes individuelles. Pour éviter de troubler le rythme et l’équilibre d’un atelier, vous pouvez proposer aux apprenants de noter leurs questions dans un carnet et prévoir un temps, à la fin de la session, pour gérer les demandes individuelles. Les questions – réponses peuvent alors se réaliser avec tout le groupe.  

Certaines structures mettent également en place des temps d’accompagnement individualisés. Dans la médiathèque de Nouvoitou, aux abords de Rennes, les ateliers collectifs du jeudi sont suivis, le lendemain, par de l’accompagnement individuel et gratuit pour les bénéficiaires de minima sociaux.

Dans la médiathèque de Nouvoitou, aux abords de Rennes, les ateliers collectifs du jeudi sont suivis, le lendemain, par de l’accompagnement individuel et gratuit pour les bénéficiaires de minima sociaux. C'est ainsi que la médiathèque gère l'hétérogénéité d'un groupe.
Médiathèque de Nouvoitou (35) – ©Jérôme Launay
  • Des temps hors atelier dédiés aux demandes individuelles

De la même façon que le carnet, qui repousse les demandes individuelles à la fin de l’atelier, il est possible de proposer, dans votre offre d’accompagnement, des temps dédiés à la gestion des besoins individuels. Si cette solution nécessite l’action conjointe de plusieurs accompagnants, elle permet toutefois d’assurer un suivi personnalisé, et d’aider vos publics dans leurs besoins les plus urgents. 

  • Des exercices pour favoriser la répétition

Nous ne progressons pas tous au même rythme et, pour éviter des disparités de niveau croissantes dans un groupe de niveau similaire initialement, vous pouvez proposer à celles et ceux qui en ont le besoin – et la possibilité –  de s’entraîner en autonomie entre deux séances. Comme le rappelle le livre blanc du cabinet spécialisé IL&DI, la répétition et son fractionnement dans le temps favorise la mémorisation.  

Composer avec les différences de niveau

Bien gérée, l’hétérogénéité d’un groupe représente une véritable opportunité pour maximiser les apports d’une séance pour tous les apprenants. Non seulement vectrice de liens sociaux et de créativité, elle permet également de diversifier les modes d’apprentissage et d’enseignement. 

1. Privilégier les ateliers de découverte et de sensibilisation

Composer des groupes de niveau demande d’y dédier du temps. Si vous en manquez, une première voie pour composer avec les différences de niveau consiste à privilégier les ateliers de sensibilisation  aux ateliers de montée de compétences : sensibilisation à la parentalité à l’ère du numérique,  à la dématérialisation

2. Privilégier le “libre accès” accompagné

Deuxième possibilité : mettre en place des accompagnements collectifs, ouverts à tous et toutes, et dédiés à la résolution des demandes individuelles. Ces séances demandent de mobiliser plusieurs accompagnateurs (professionnels, bénévoles, services civiques…) pour assurer une aide ponctuelle aux personnes nécessitant d’être débloquées, un accompagnement plus renforcé à celles et ceux dont la demande est plus large, à assister les personnes les plus en difficulté… Il est généralement conseillé lors de ces séances de mobiliser au moins un accompagnateur pour 2,5 personnes

Les permanences connectés d’Emmaüs Connect, nées en 2014 à Paris et répliquées depuis dans tous les points d’accueil de l’association, partent ainsi des besoins et attentes des bénéficiaires pour les guider, peu importe leur niveau de connaissance, vers une meilleure maîtrise du numérique. Inspiré du projet Dlit 2.0 (pour Digital Literacy 2.0) de l’Union Européenne, les bénéficiaires formés lors des permanences deviennent à leur tour formateur pour aider et pratiquer en même temps. 

« Il y a des personnes qui n’ont jamais touché un ordinateur qui viennent. Et à tout âge ! »

Mohamed, bénévole au point d’accueil Emmaüs Connect de Lyon

3. Renforcer la pédagogie différenciée en formation collective

La pédagogie active vise à donner une place importante à l’apprenant dans son parcours d’apprentissage. Il s’agit d’accompagner l’apprenant le long d’un parcours que lui-même construit, le formateur devenant alors un médiateur entre l’apprenant et ses besoins. A l’échelle d’un groupe, laisser les apprenants devenir acteurs de leur apprentissage permet de personnaliser les ateliers et de remédier, au moins en partie, aux risques d’une hétérogénéité marquée.

  • Pédagogie différenciée : varier les tâches et les ressources

Lors d’un atelier collectif, il est possible de proposer plusieurs activités à adapter en fonction du niveau de la personne : activités d’entraînement, de découverte, d’approfondissement…. Cela nécessite d’avoir plusieurs ressources à proposer, mais permet aux apprenants de suivre un parcours adapté à leurs capacités. 

L’atelier de maîtrise de son image sur internet des Bons Clics propose par exemple de paramétrer leur profil LinkedIn aux personnes disposant d’un compte ou, pour les non-inscrits, de découvrir l’application et le site du réseau. 

  • Dynamique de groupe : l’apprentissage entre pairs

L’apprentissage entre pairs revient à s’appuyer sur les différences de niveau pour optimiser les apports des séances. Dans ce cadre, les apprenants avec un niveau de maîtrise avancée deviennent les tuteurs des élèves moins expérimentés. Ce changement de posture favorise non seulement le lien social, la bienveillance et la collaboration, mais améliore également la rétention d’information des deux groupes ainsi constitués. 

  • Personnaliser l’apprentissage en variant les outils

A l’hétérogénéité de niveau peut s’ajouter l’hétérogénéité du matériel. Pour mieux gérer un groupe aux habitudes et attentes différentes en matière d’équipement,, il est possible de créer des sous-groupes par système d’exploitation (Linux, iOS, Android…) ou encore par type d’équipement (smartphone, tablette, ordinateur…). 


Pour explorer plus en détails la question de l’hétérogénéité, vous pouvez également consulter les ressources de La Manufacture Andragogique.


Et vous, quelles sont vos astuces pour gérer l’hétérogénéité d’un groupe ? Contactez-nous à redac@lesbonslics.fr ou participez à la discussion sur notre forum !

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