« Le numérique peut être vu comme un pari » – Jeanne Ovart, chargée du Soliguide à Paris
Cet article dédié au Soliguide a été rédigé dans le cadre d’un partenariat avec la Région Île-De-France.
L’association Solinum déploie depuis 2017 une cartographie des initiatives solidaires, Soliguide. Disponible sur soliguide.fr ou sur l’application éponyme depuis un smartphone, l’outil permet aux personnes dans le besoin de trouver les structures à-même de les aider, et outille les acteurs de la solidarité pour orienter pertinemment leurs publics.
Aujourd’hui, Soliguide recense plus de 14 500 lieux d’aide et d’accompagnement dans vingt territoires, parmi lesquels figurent la Loire-Atlantique, la Gironde ou encore l’Île-de-France. C’est dans le dix-huitième arrondissement de Paris que le média Les Bons Clics a rencontré Jeanne Ovart, chargée de développement local à Paris, lors d’un atelier de sensibilisation. Le temps d’une après-midi, il s’agissait de présenter Soliguide aux personnes venues récupérer des colis alimentaires.
Une base de données accessible et mise à jour
Soliguide est « à destination de toutes les personnes en situation de précarité au sens large », précise Jeanne Ovart. Il s’adresse non seulement aux personnes sans-abri, aux familles qui ont du mal à finir le mois, aux personnes venant d’arriver sur le territoire français, … Mais également aux accompagnants, qui représentent la majorité des utilisateurs du guide. Pour 85% de ces derniers, l’utilisation de Soliguide leur permettrait de gagner du temps, et plus encore estimeraient que leur travail s’en trouve facilité*.
Chaque structure référencée dans Soliguide fait l’objet d’une fiche comprenant ses coordonnées (adresse et numéro de téléphone), ses horaires d’ouverture, les publics qu’elle accueille et les services qu’elle propose, ainsi que les conditions d’accès (sur inscription, sur orientation, sans rendez-vous…). Les structures disposent d’un compte pour éditer directement leurs informations.
*Chiffres extraits d’une enquête menée par Solinum en 2021 auprès de 773 acteurs de la solidarité.
Il s’agit donc de disposer d’informations complètes et à jour. La base de données est également accessible depuis une interface de programmation (API) qui permet, pour les structures de l’action sociale partenaires de Solinum, « d’intégrer les données du Soliguide directement » sur leurs outils numériques ». L’API étant « synchronisée en temps réel, les informations sont mises à jour en continu », précise l’association sur sa page dédiée.
L’équipe du Soliguide peut être contactée via un chat intégré à l’application et au site. Ce service est également disponible pour les bénéficiaires, et permet de « communiquer dans toutes les langues de Google Translate », précise Jeanne Ovart. Le guide, lui, est disponible en français, anglais, arabe, espagnol, russe, dari et pashto.
Entre avril et juillet 2021, plus de 200 000 recherches ont été effectuées sur le Soliguide, parmi lesquelles près d’un quart concernait l’aide alimentaire selon l’évaluation d’impact menée par Solinum. Parmi les services référencés, les plus plébiscités sont « ceux qui traitent l’urgence sociale, confirme Jeanne Ovart, notamment l’alimentation, l’hygiène et l’accueil de jour ».
Le « pari » du numérique
En 2019, une enquête menée par le Solinum auprès de 285 personnes sans-abri concluait que 71% d’entre elles possédaient un smartphone (contre 84% à l’échelle nationale). Comme tous les outils en ligne, Soliguide est confronté à la fracture numérique, qui touche notamment les personnes âgées et les personnes en situation de précarité. « Une personne sans domicile, plutôt âgée, sera moins intéressée par Soliguide car elle n’a pas forcément l’équipement ou les compétences », concède Jeanne Ovart.
Plusieurs personnes âgées rencontrées lors de l’atelier de sensibilisation à Soliguide ne se sentaient en effet pas prêtes à utiliser l’application. « Ce n’est pas pour moi », confie l’un d’eux. Plusieurs mères de famille paraissaient toutefois plus intéressées, et la présentation du guide a été l’occasion pour deux d’entre elles d’installer l’application sur leur smartphone. « C’est bien, ça peut m’aider, déclare l’une d’elles. Il faut que je vois avec ma fille maintenant, c’est elle qui gère le téléphone ».
« Nous avons plusieurs types de public. Une personne sans domicile, plutôt âgée, sera moins intéressée par Soliguide car elle n’a pas forcément l’équipement ou les compétences. Mais des personnes jeunes, dans des centres d’hébergement d’urgence par exemple, ou des familles avec des difficultés budgétaires, vont beaucoup plus facilement l’utiliser parce qu’ils sont beaucoup plus proches du numérique ».
Pour Jeanne Ovart, « le numérique peut être vu comme un pari. C’est aussi pour ça que les travailleurs sociaux sont les principaux utilisateurs : ça leur permet par exemple de savoir où orienter depuis leur ordinateur, et d’écrire l’adresse sur un papier ». Pour pallier les failles du numérique, Solinum publie ponctuellement des listes papier, notamment lors des périodes estivales et hivernales qui modifient temporairement les repères de l’action sociale.
Les équipes Soliguide sont également intervenues au point d’accueil Emmaüs Connect à Créteil, et espèrent ainsi se rapprocher des acteurs de l’inclusion numérique. La médiation numérique fait à cet égard partie des services référencés sur Soliguide.
« Nous référençons une large gamme de services, qui va de l’urgence sociale à des activités de loisir gratuites, comme les piscines de Paris (ndlr : accès gratuit pour les bénéficiaires de minimas sociaux). Les ateliers numériques rentrent dedans parce que nous sommes persuadés que c’est aussi comme ça qu’une embauche professionnelle ou l’utilisation du Soliguide se passe », estime Jeanne Ovart.
Pour découvrir Soliguide :
- Soliguide.fr
- Ou via les applications iOS et Android
- L’API Solidarité
Pour être référencé, il suffit de contacter l’équipe sur Soliguide.fr via le formulaire de contact ou le tchat en ligne.
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