Chronique de conseillère numérique #2 – La formation
Il y a deux semaines, le média Les Bons Clics publiait l’interview de Marie Allo, Conseillère numérique France Services à Vitré. Aujourd’hui, c’est elle qui prend la plume pour le deuxième épisode de sa chronique de conseillère numérique : « La formation ». Bonne lecture !
L’ouverture des postes de conseillers numériques a été annoncée par l’État il y a un peu plus d’un an mais, comme beaucoup de nouveautés, quelques réglages doivent s’opérer – le temps que les choses se mettent en place.
Il s’est par exemple passé plusieurs mois entre la découverte de ce nouveau métier, en février, et la signature de mon contrat de conseillère numérique, en septembre. Aujourd’hui, je travaille dans deux structures : un Centre Social et un foyer de jeunes travailleurs, tous deux basés à Vitré.
Il y a d’abord eu une phase d’intégration dans chacune des ces structures, puis la rencontre avec mes futurs collègues et la découverte des salles informatiques dans lesquelles je travaillerai. S’en est suivie l’adaptation entre mon temps de travail en structure et la formation. Je n’étais pas retournée à l’école depuis 4 ans et, à ce moment-là, je ne savais pas du tout à quoi m’attendre : j’avais seulement reçu la trame du programme à venir.
La formation de conseiller numérique : envies et déroulé
Les conseillers numériques doivent tous suivre une formation, dont la durée varie selon le profil de chacun. A la fin de la formation, nous validons une partie du titre professionnel intitulé « responsable d’espace de médiation numérique » devant un jury et passons une certification PIX.
PIX ? Le but de la plateforme PIX est d’évaluer son niveau en informatique. Sur cette plateforme, on répond à des questions correspondant à des compétences variées.
Il faut être le plus fidèle possible à la réalité, et il est possible de compléter son niveau sur plusieurs mois ou plusieurs années. Le jour de la certification, les questions qui seront posées correspondront au niveau atteint.
Dans le cadre du dispositif des conseillers numériques France Services, le niveau recommandé est d’environ 500 points.
Pour ma part, c’est à la fin du mois de septembre que la formation a débuté. J’ai rencontré 11 conseillers numériques venant de villes et de structures différentes. Certains travaillent dans des médiathèques, d’autres se rendent au domicile des usagers. Une autre travaille dans une MJC (Maison des Jeunes et de la Culture), et certains pour des mairies.
J’ai intégré cette formation avec l’envie de rencontrer des personnes qui, comme moi, débutent dans ce métier, et de développer mes compétences sur la façon de mener un atelier. J’avais également envie de découvrir un peu plus l’univers et les acteurs du numérique afin de me sentir plus légitime dans l’exercice de mon nouveau métier.
La formation à laquelle j’ai participé – organisée par Simplon dans les locaux de l’école 301 à Cesson-Sévigné – mettait notamment en avant le fait de partir de ses propres connaissances, de ses appétences et de les partager. J’ai par exemple proposé un atelier sur l’utilisation d’un logiciel de création graphique : après l’avoir présenté, je guidais les autres conseillers de ma promotion dans la création d’un flyer.
Une bonne partie de notre formation s’organise en groupes de travail, notamment pour étudier un sujet précis (les fake news, l’économie de l’attention, …) ou pour créer des ateliers de façon analytique et pratique que nous restituons au reste de la promotion. Une des compétences à acquérir consiste précisément en la conception et la production de ressources pédagogiques et documentaires pour différents supports.
Cela permet d’être en posture de sachant et pas seulement d’apprenant. S’exprimer en public et avoir une posture professionnelle est essentiel dans notre métier : c’est l’un des critères que prend en compte le jury lors du passage du titre professionnel.
Conseillers numériques : un réseau, des rencontres, un territoire
Être conseiller numérique, c’est faire partie d’un ensemble d’acteurs variés. Autrement dit, notre réseau ne s’arrête pas aux autres conseillers numériques, et la formation m’a permis de me rendre compte de l’importance de sortir de la salle informatique de sa structure pour aller à la rencontre des acteurs du territoire.
Pendant la formation, nous avons rencontré un médiateur numérique dans une maison de quartier à Rennes, avec qui nous avons pu échanger sur son parcours, ses pratiques et les enjeux de ses missions. Un deuxième médiateur, qui travaille dans un atelier associatif rennais, L’Atelier Commun, se trouvant dans le même local qu’une recyclerie, La Belle Déchette, nous a fait participer à un hackathon. Il s’agissait, pendant quelques heures et en groupe, d’imaginer un projet pour faire dialoguer la recyclerie et le fablab.
En formation, nous avons appris à cartographier notre territoire, à repérer et à connaître des structures vers lesquelles nous pourrions rediriger les usagers. Il est primordial de connaître son territoire et ses acteurs, qu’il s’agisse de structures administratives ou culturelles. Cela permet de ne pas laisser un usager sans réponse.
Les structures pour lesquelles je travaille, elles, font partie d’un réseau local d’acteurs numériques. Cela permet de se mettre en relation, de réfléchir à des pistes d’action autour des enjeux du numérique, d’imaginer les échanges, de regrouper des informations des différentes structures.
J’ai également rencontré une personne en service civique dans une autre structure de ma ville, et dont la mission est d’accompagner les usagers dans leurs démarches administratives en ligne.
Rencontrer et connaître ses pairs permet de lever les méfiances possibles, de réfléchir à des projets ou simplement de comprendre leurs missions pour pouvoir rediriger les usagers vers eux par exemple.
L’espace Coop
En tant que Conseiller numérique France Services, nous avons accès à une plateforme en ligne afin de faire le suivi de nos ateliers et de nos rendez-vous individuels. Cela permet de générer des statistiques sur nos activités.
L’espace Coop contient également des ressources ainsi qu’un espace de discussion, accessible pour l’ensemble des Conseillers numériques France Services en poste, avec des canaux de discussion variés selon les régions et les thèmes abordés.
La plateforme a beaucoup évolué depuis que j’y ai accès. Les conseillers numériques proposent des modifications pour que l’outil de suivi statistique concorde autant que possible à nos besoins quotidiens.
Il y a aussi beaucoup d’entraide : les conseillers numériques partagent des supports pédagogiques pour préparer les séances ou partagent leurs expériences. Aujourd’hui, nous sommes 2538 sur le canal principal et du fait du nombre important de personnes, les conversations deviennent parfois compliquées à suivre. Il y a des groupes de discussions thématiques (formation et certification, partage de ressources et contenus, …) et la possibilité de contacter d’autres conseillers par message privé.
Après ces quatre mois de formation, remplis de rencontres, d’échanges et de découvertes, j’ai pu passer mes évaluations certifiantes. Désormais, je travaille à temps plein dans mes structures, et les ateliers informatiques autant que les permanences individuelles rythment mes semaines. Rendez-vous dans quelques-unes d’entre elles, donc, pour ma prochaine chronique !
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Bonjour Marie, je suis aussi CNFS. J’ai fini ma formation hier, le 1er mars et je t’avoue que la formation en distanciel n’est pas évidente surtout que j’ai été embauché dans une structure qui accueille des enfants et ados avec des troubles du comportement et des troubles mentaux (chose qu’on nous a pas appris en formation). Je vais laisser un message sur l’espace Coop voir s’il y a d’autres CNFS qui travaillent dans les mêmes structures pour qu’on puisse échanger sur d’éventuels projets. Merci de ton témoignage. Pour m’a part je n’ai pas encore de date pour passer ma certification. A bientôt de te lire.
Bonjour Lydie, merci pour ton commentaire. Oui il y a surement d’autres CNFS qui travaillent dans le même type de structure que la tienne. J’espère que l’attente du passage de la certification ne sera pas trop longue. Avec plaisir,
Marie